Quatrième édition du prix national de la Fondation du patrimoine pour l'agro-biodiversité animale

Publié le par lesbiodiversitaires

A l’occasion du salon international de l’agriculture à Paris, la Fondation du patrimoine a de nouveau récompensé des projets qui mettent en avant la biodiversité domestique. Cette année, un dindon, un mouton et un canard ont été les lauréats…

Il est toujours difficile de choisir parmi les projets soumis à ce prix tant le niveau de dossiers est élevé et les races à soutenir… nombreuses !

Le dindon rouge des Ardennes

Après la poule noir du Berry en 2012, c’est un autre gallinacé qui a remporté le prix cette année. Le Dindon rouge des Ardennes. Plus exactement c’est l’association des producteurs de dinde rouge des Ardennes qui, depuis le milieu des années 1990, s’attelle à développer et faire connaître cette race. Elle est connue depuis bien longtemps puisque l’on dit que c’est l’un de ces ancêtres qui fut servi au mariage du roi de France Charles IX (1550-1574) avec Élisabeth d'Autriche (1554-1592), célébré le 27 novembre 1570 à Mézières.

Mais à la fin des années 1980, du Dindon rouge des Ardennes, il n’y en avait plus guère. La race allait s’éteindre, silencieusement, comme bien d’autres. C’est grâce à Roland Dams, vétérinaire passionné par les volailles anciennes et grand défenseur de la biodiversité domestique ainsi qu’à Jean-Michel Devresse, que ce dindon qui peut peser jusqu’à 10kg chez le mâle, a été sauvé in extremis. La race reste encore fragile et les éleveurs pas assez nombreux. Le prix de 10 000€ est donc là pour aider à pérenniser ce beau travail de sauvegarde.

Elevage de dindons des Ardennes (source : APDRA)

Elevage de dindons des Ardennes (source : APDRA)

Le dindon primé, pas très rassuré sur le ring central du salon de l'agriculture, nous regarde du coin de l'oeil.

Le dindon primé, pas très rassuré sur le ring central du salon de l'agriculture, nous regarde du coin de l'oeil.

Le mouton raïole

La Raïole, elle, est une race de mouton également menacée. Avec seulement 2 000 brebis, rien n’est encore gagné, là non plus. Elle a d’ailleurs failli disparaître dans les années 1960. Et Adrian Rigal, jeune éleveur de brebis Raïole dans l'Aveyron, qui souhaite développer un projet d'agropastoralisme et augmenter son cheptel a bien du mérite. C’est une excellente débroussailleuse naturelle, rustique, bonne marcheuse. En été, des troupeaux de raïoles occupent toujours les pentes des monts Lozère et Aigoual. Ce mouton est utilisé principalement dans la filière viande.

En 1994, une association commune a été formée avec les éleveurs des races Rouge du Roussillon et Caussenarde des garrigues. En 2008, celle-ci s'est rapprochée de la Lacaune (à l’origine du roquefort) pour constituer un organisme de sélection commun et favoriser la diversité génétique de la Raïole.

Les Raïole primées au salon de l'agriculture.

Les Raïole primées au salon de l'agriculture.

Le canard de Duclair

C’est le parc naturel régional des Boucles de la Seine normande qui a reçu le 3ème prix pour son implication dans la sauvegarde du canard de Duclair. C’est pourquoi, dès 1994, il a fondé un conservatoire pour sauver la race et la développer. D’autant que la chair de ce canard est réputée excellente et peu grasse.

Celui que l’on surnomme « l’avocat » à cause de son plumage noir et sa bavette blanche, est connu depuis le XIXe siècle. Il existe aussi un plumage « bleu ».

L’avenir de ce canard ne dépend donc que de la ténacité d’éleveurs, souvent amateurs, qui sont les remarquables gardiens de la biodiversité domestique.

Canards Duclair (source : PNR des boucles de la Seine normande)

Canards Duclair (source : PNR des boucles de la Seine normande)

L’occasion de partager

Après la remise des prix, ce fut l’occasion, de manière informelle, de voir ou revoir des éleveurs engagés dans la conservation des races à petits effectifs. Des connaissances devenues des amis, de belles personnes qui courageusement, vont à contre-sens de la politique agricole actuelle. Mais qui, en même temps, sont probablement les précurseurs d’une nouvelle façon de la pratiquer.

Des leaders dans le domaine de la conservation des races à petits effectifs. De gauche à droite : Laurent Chalet (éleveur de vaches Nantaises et fondateur de la fête du même nom), Guy Chautard (éleveur de vaches Ferrandaises), soutenus par André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme.

Des leaders dans le domaine de la conservation des races à petits effectifs. De gauche à droite : Laurent Chalet (éleveur de vaches Nantaises et fondateur de la fête du même nom), Guy Chautard (éleveur de vaches Ferrandaises), soutenus par André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme.

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