Expédition dans le désert de Gobi, épisode 8
Carnet de voyage d’Elise
« I hope so », répond Terbish en riant.
Désert…
Nous arrivons à des gorges de pierre, sous un soleil de plomb. « Les Gorges de la Moria », c’est encore l’univers de Tolkien qui me vient à l’esprit… Des criquets cryptiques chantent, il semble qu’il n’y ait pas beaucoup d’autres animaux en ces lieux.
Plus loin, nous croisons une gazelle.
La tique géante
En allant chercher les pies-grièches des steppes, Philippe attrape une tique gigantesque, 3 fois grosse comme les nôtres. Il la dégage avant qu’elle ne le morde, et Terbish croit bon de préciser que c’est un parasite « dangerous ».
Il fait chaud. Nous traversons des plaines et des plaines, entrecoupées de collines, de désert minéral. Le Gobi. Jaune, blanc, gris.
Mais les camions sont en surchauffe : nous sommes obligés de nous arrêter un bon moment pour que le moteur refroidisse. Nous repartons, mais les véhicules peinent… il faut à nouveau s’arrêter quelques kilomètres plus loin.
« S’il y a un problème, je leur dirai de faire demi-tour, je ne suis pas fou », me murmure Philippe.
Finalement, nous arrivons en vue de Sharl Khuls, l’oasis dans le désert, où nous devons camper, et territoire de l’ours de Gobi. Nous n’avons presque aucune chance de le voir, mais nous espérons trouver des traces.
C’est un petit écrin de verdure dans un univers complètement minéral. Un lieu incroyable où pousse le peuplier du désert Populus euphraticus, avec son tronc énorme planté là, en plein désert !
Il fait très chaud. Finies les chaussettes pour dormir !
Arrivée à l’oasis de Sharl Khuls
Nous trouvons un drôle d’orthoptère dans le désert, gros et muni de grandes pattes.
Des tiques géantes nous attaquent à nouveau, puis un nouvel ennemi : les taons.
Mais nos misères parasitaires sont compensées par une merveilleuse perspective : dans cette oasis, nous allons pouvoir nous laver !
Certes, avec juste un tout petit bidon d’eau pour 11 personnes, mais après plusieurs jours aux lingettes, ça semble du luxe. On se lave avec sans doute l’équivalent d’une bouteille d’eau de 1 litre, et c’est un bonheur absolu.
Après ça, nous pourrons manger notre riz et la viande dure (eh oui, c’est qu’elles galopent dans la steppe, les vaches !).
Voyager à la dure permet d’apprécier les choses simples. La nourriture, bien que sommaire, est accueillie avec plaisir.
A l'oasis, il y a une yourte en dur, qui sert aux gars du parc du Gobi A quand ils viennent jusqu'ici.
Par contre, la lutte contre les abominables tiques continue… il y en a partout, qui nous sautent dessus à tout instant. Nos petites tiques françaises, c’est de la rigolade à côté.
Nous nous sommes rendus tout à l’heure à l’oasis, avec Nyambayar, le spécialiste du désert de Gobi. Il nous montre la placette où ils donnent de la nourriture aux ours, en hiver, et relève son piège photo. Pas d’ours depuis un mois. Mais on voit de vieilles crottes, et sans doute des traces.
Nyambayar relève son piège-photo, placé devant la placette d'alimentation (alimentée en hiver) et nous trouvons l'une des seules pancartes du Gobi A : un ours !
C’est aussi un lieu où vit la panthère des neiges. Nyambayar comme Terbish ne l’ont vue que deux fois dans leur vie. Même pour des naturalistes mongols hors pair comme eux, l’espèce est très difficile à voir.
Cette oasis est une merveille : des oiseaux, des papillons en plein désert de Gobi.
La fauvette mystérieuse
Nous trouvons également une fauvette peu connue (du type babillarde) que Philippe veut étudier d’un peu plus près, ce soir et aussi demain matin tôt : photos, enregistrements sont prévus. Il va envoyer tout un dossier à l'ornithologue Lars Svensson.
Le témoignage de Philippe : l’énigmatique fauvette babillarde
"Dans le désert de Gobi, au milieu de nulle part et dans des habitats extrêmement secs, nous avons trouvé une population de fauvette babillarde du désert, très bien adaptée à ne vivre que dans de petites oasis, voire des buissons rabougris, et parfois avec une densité incroyable.
A Sharl Khuls, il y avait des chanteurs partout !
Les photos et les enregistrements des chants ont été soumis à Lars Svensson, spécialiste suédois de la fauvette babillarde.
Il s’agit de la sous sous-espèce telegenticia de Sylvia curruca, sous-espèce jusqu’alors peu différenciée, mais qui selon Lars, est finalement une bonne sous-espèce (ou espèce ?), proche vraisemblablement de margelanica.
C’est sans doute la première fois que le chant de cette population, vivant dans l'un des endroits les plus reculés du monde, a été enregistré."
Pour écouter cet enregistrement du chant de la fauvette, cliquez ici ou bien téléchargez le fichier MP3 ci-dessous :
Enregistrement du chant de la fauvette
Mais après le repas, Nyambayar me montre un trésor…
Suite au prochain épisode...