Expédition dans le désert de Gobi, épisode 12
Carnet de voyage d’Élise
Huitième jour. Samedi 25 juin.
Quelle bonne nuit…
Au cœur du désert de Gobi, il pleut ! Légèrement. C’est rafraichissant, mais potentiellement embourbant ! Terbish m’a dit que le 4x4 du camion était réparé : les chauffeurs l’ont bricolé cette nuit.
La pluie donne au désert une couleur grise.
« Parmi le top 10 des choses que je déteste dans la vie, ronchonne Philippe, c’est replier une tente mouillée. Surtout quand il faut redormir le soir dedans. »
Aujourd’hui, nous allons chercher le chameau sauvage.
Concernant l’ours de Gobi, nous avons vu déjà bien plus de choses que nous l’espérions : traces, crottes, griffures, poils, résultats des pièges-photo.
Le roi des Burgondes
Ce matin, je voulais aller aux « toilettes » faire tranquillement un petit pipi, mais je viens de voir Myangaa (le chauffeur qui crache de gros mollards) s’y diriger fermement, un rouleau de PQ à la main. Et vu le gabarit, je vais éviter d’aller aux toilettes après lui !
Myangaa, c’est Hulk. Il redresse à la main les piquets de fer des tentes, quand ils sont tordus, en te regardant l’air de dire : ce que je fais à ce piquet, je peux le faire à n’importe qui. C’est un lutteur mongol, nous a dit Terbish.
Il me fait penser aussi au roi des Burgondes, dans Kaameloot – « cuiller, cuiller ! »
Chiottes mongoles
Bref. Les chiottes mongoles, c’est tout un poème. Version grand luxe, dans certains campements, c’est un cabanon en bois ouvert à tout vent : deux planches en bois branlantes pour mettre les pieds façon chiottes turques, sauf que ces planches sont posées sur un ENORME trou au fond duquel s’accumulent des générations d’étrons qui se sont applatis là après un long vol plané dans les airs (sans eau ni rien…).
Mieux vaut ne pas être sujet au vertige.
En version moins gore, en pleine steppe, on se contente de creuser un trou commun près du campement, qu’on remplit de terre au fur et à mesure, façon toilettes sèches. Et on dresse une tente pour se cacher.
Bon mais quoi qu’il en soit, se rendre en ce lieu après Myangaa, y’a pas moyen.
Pour revenir à un peu de poésie, voici à quoi ressemblent les pierres éolisées du désert de Gobi, sculptées par le vent et les sables pendant des centaines de milliers d'années.
Silence
Ce silence, tellement apaisant… J’aime la solitude désertique, ces paysages sublimes, que si peu ont contemplé. Comme souvent dans la vie, rien ne tombe tout cuit, pour atteindre les belles choses, ça demande des efforts : sortir de son confort, être prêt à prendre des risques, à s’ensabler.
Galaa
L’autre chauffeur, Galaa, c’est mon pote. Il ne parle pas un mot d’anglais, mais je comprends tout ce qu’il me dit ! Il me parle en mongol, je lui réponds en français, et ça roule.
Galaa, il est gentil, ça se voit. Et il essaie de nous aider quand il voit qu'on galère.
Quant au Roi des Burgondes, il ne parle pas, il grogne.
Galaa fait des essais, ce matin, pour voir si son camion fonctionne...
Quant à Myangaa, il semble malade qu’on mette du sable dans son camion avec nos chaussures. S’il pouvait nous forcer à mettre des petits chaussons ou des patins avant de monter, il le ferait, c'est sûr !
Le fait que je reste parfois à l'ombre dans son camion pour écrire mon carnet de voyage contrarie Myangaa, qui ne peut pas faire autant le ménage qu'il le voudrait !
Gecko de Przewalski
Terbish, ravi, a trouvé un petit reptile nocturne, un gecko magnifique et peu farouche : nous sommes les premiers humains qu’il voit, et sans doute les derniers !
Il faut dire que ce petit lézard est une merveille, avec ses yeux d'or... Gecko de Przewalski (Teratoscincus przewalskii)
On reprend la route.
Odeur forte de gaz dans le camion. Les Mongols s’en contrefichent, ça les fait rire…
Nous moins !
Suite au prochain épisode...