Expédition dans le désert de Gobi, épisode 23
Carnet de voyage d’Élise Mazaalai karshan emegtei
Mais nous n’avons pas fait 500 m que… paf, nous nous embourbons à nouveau !
Et cette fois, encore plus profondément que la veille.
La terre est un mélange d’argile et de sable. Nous sommes prisonniers d’une grande nappe d’argile. J’en prends une motte et commence à faire un pot sommaire, en pensant à ma copine potière Véronique. Il tient parfaitement et quand nous réussirons à dégager le camion, 4 h plus tard, il sera toujours là à sécher au soleil, d’une tenue parfaite.
Car il nous faudra 4 h pour sortir de là, avec l’aide du second camion et de Galaa, en poussant comme des brutes, en cassant plusieurs fois le câble reliant les deux camions.
Les gars étant occupés à pelleter la boue, et mon aide étant inutile, j’ai le temps d’aller explorer seule une bergerie vide, que j’aperçois au loin dans la steppe, pour voir ce qui s’y cache.
Ici, les Mongols n'ont pas besoin de faire sécher la bouse pour construire leur mur, l'argile leur permet de faire de vraies briques.
Dans cette bergerie déserte, un moineau soulcie semble construire un nid. Un traquet motteux nourrit ses jeunes avec des insectes qu’il va chercher dans un lieu… original.
Sur la tourbière
Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot. Nous repartons par un autre chemin chercher les mouettes reliques. Nous nous arrêtons à distance de l’argile, et marchons à pied, deux bonnes heures en tout. Le paysage est somptueux, les marais plein d’oiseaux.
Mais nous sommes obligés de passer sur une tourbière, ce qui me fait bien peur !!! Le sol tremble, s’enfonce… ce n’est pas rassurant du tout ! Je ne suis pas fière…
Nous revoyons les mouettes reliques, mais de très loin.
Bzzzzzzzzzz
Ceux qui ne font pas que nous observer, par contre, ce sont les moustiques. Je compte 25 boutons sur chacune de mes mains, que je cache, pourtant. Terbish me soigne à mon tour avec son petit engin qui semble faire des mini-décharges : « Aïe ! Aïe ! », je proteste, ce qui fait marrer les Mongols.
Ce matin, les gars se sont foutus de ma poire à cause de mon look, car je me suis recouverte la tête de foulards. Mais se couvrir de pied en cap est le seul moyen de lutter contre les moustiques. Aussi, ce midi, les voilà tous enrubannés à leur tour !
Ainsi couverts, sous le soleil et la chaleur, on transpire tout ce qu’on peut. C’est un choix : la transpiration ou les moustiques. Le résultat, c’est beaucoup de transpiration, et pas mal de moustiques quand même !
Heureusement que tous les compagnons de voyage sont des coriaces, car il y aurait de quoi craquer plus d’une fois.
Nouvelle invitation dans une yourte
Nous avons repris la route depuis un moment, quand nous arrivons au village de Tonhil, où nous allons laisser Tsevgee (qui profite de ce long voyage pour aller voir de la famille dans cette région) et récupérer Doshka (qui aidera Zoulaa pour la suite).
Une gentille dame nous invite dans sa yourte. Elle a la ferme intention de nous faire ingurgiter toutes sortes de choses, et en grande quantité. Du thé mongol salé au lait, différents pains dont un qui est un peu rance, comme souvent en Mongolie.
Pierre, qui ne supporte pas le lait (« rien que l’odeur, ça me fait vomir »), commence à avoir l’œil fou au fond de la yourte. On élabore un plan stratégique pour le sauver sans faire preuve d’impolitesse. Dès que l’hôtesse a le dos tourné, Philippe lui échange son bol vide contre son bol plein. Et hop !
Terbish nous explique que le thé salé est plus typique ici que celui qu’ils font au camp…
En effet… Il est agrémenté de petits grumeaux gras qui me donnent des hauts le cœur.
« Goûte ça, me dit Philippe, pris d’un enthousiasme culinaire qui me sidère, et ça, et ça !
-Mais tais-toi, j’essaie de me faire oublier… me fais pas repérer ! »
La yourte est plutôt riche, décorée. Notre hôtesse veut nous recevoir dignement. Elle se met à nous préparer des nouilles mongoles à la viande… Elle nous en sert des portions copieuses, qu’il faut avaler sans ciller. J’arrive à éviter de justesse, bien que Galaa tente de me forcer la main, le dernier plat : de la panse de mouton farcie, servie froide et épicée…
Cachée derrière un cadre, notre hôtesse sort une bouteille de vodka.
Un animal bizarre
On repart, je suis toujours barbouillée… le goût des petits grumeaux gras reste en bouche de façon insistante. Les papilles déprimées, je suis en train de méditer à la bonne gastronomie française, quand tout à coup un canidé indéterminé est signalé, puis disparaît.
Plus loin, je vois à mon tour quelque chose que je n’ai jamais vu jusqu’ici : un animal qui court en rasant le sol, tête baissée… qu’est-ce donc que cela ?
Suite au prochain épisode...