Danger critique d’extinction pour le cheval losino, une magnifique race espagnole - El losino, un caballo en peligro de extinción
On ne peut pas laisser s’éteindre le cheval losino sans rien faire ! Ce petit cheval de montagne, au pied très sûr, presque personne ne le connait. A part quelques Espagnols, et encore… car la race est méconnue dans son propre pays. Pas facile d’être une race ancienne, à petits effectifs, en Espagne, le pays d’un des plus beaux chevaux, le pure race espagnole, qui fait de l’ombre à tous les autres. Pourtant, l’Espagne possède de très nombreuses autres races autochtones. Et il serait dommage de méconnaître le losino. Cet article est un appel : le risque que ce cheval disparaisse est particulièrement élevé. Rencontre sur le terrain.
Août 2017, 8h30 du matin, village de Pancorbo, quelque part en Castille y Léon (Espagne). Ricardo de Juana nous attend à 9h au centre du village. C’est un homme au visage accueillant, qui parle un espagnol rapide. Il est heureux que des gens aient pu venir de France pour voir les chevaux losinos, cette race qui lui est si chère mais qui est au bord de l’extinction. Ricardo est l’une des dernières personnes, sur cette Terre, à se préoccuper de ce cheval.
Le monde étant petit, on découvre que Ricardo est le frère d’un célèbre ornithologue espagnol, Eduardo de Juana. Cela n’est pas si surprenant. Souvent les univers des naturalistes et des éleveurs de races à petits effectifs sont assez proches !
Ricardo nous fait monter dans son vieux 4x4, et par une route escarpée nous rejoignons la montagne. Car le losino est un cheval de montagne, vivant en semi-liberté. Ce qui lui a longtemps causé des soucis avec les loups. Mais la réserve où il vit est désormais clôturée. 700 ha de montagne, où évoluent plusieurs troupeaux, que Ricardo suit de près afin d’éviter au maximum la consanguinité. Car ici, il n’y a plus que 250 chevaux losinos… Autant dire, presque rien. Si on compte les poulains qui sont vendus chaque année, l’effectif global de la race est un peu plus élevé, mais reste très faible.
Nous roulons dans la montagne. Ricardo ouvre des barrières, les referme. Il est presque impossible de trouver soi-même des losinos, en Espagne, si on ne connait pas le lieu exact.
Enfin, le premier troupeau apparait, pâturant dans la montagne.
Depuis l’écriture du guide Tous les chevaux du monde, la race losina m’intriguait, notamment à cause de sa robe noire aux jolis reflets rouges, et de ses poulains à la bourre bien rousse. Et en effet, quand on voit en vrai des losinos, ces reflets rouges sont particulièrement frappants, tant dans la robe que sur les crinières roussies par le soleil. Puis je trouvais l’animal joli, harmonieux. Le losino est en tout point conforme à ce que j’imaginais de lui.
Il mesure environ 1m33 à 1m47 au garrot, avec une moyenne de 1m39 pour les mâles. « Mais c’est parce qu’il vit dans la montagne, explique Ricardo, dans des conditions très sommaires. En plaine, bien nourri, il prendrait de la taille. A l’origine, le losino était plus grand que cela. »
Il est vraiment joli, les formes harmonieuses, les crins longs et soyeux. Ricardo explique que c’est un super petit cheval pour un peu tout, et notamment la randonnée. En effet, les losinos galopent comme des cabris dans les pentes caillouteuses. Rien ne semble faire peur à leurs petits sabots bien durs, qui ne connaissent pas les fers. Puis il a un bon caractère, intelligent et posé. En effet, les chevaux que l’on voit sont tous très calmes, tranquilles.
La race losina est particulièrement frugale, résistante. « Ils ne voient jamais le vétérinaire », explique Ricardo. Et c’est tant mieux car l’association n’aurait pas les moyens de le leur payer.
Pourquoi un cheval avec tant de qualités disparait-il ? D’abord, il y a la crise économique, qui a frappé durement l’Espagne. Puis ici, les bons chevaux, ce n’est pas ce qui manque. Sans doute aussi le losino a-t-il manqué de communication autour de la race. Comment tirer son épingle du jeu, au pays des grands et célèbres pures races espagnoles, quand on est un petit cheval qui vit caché dans les montagnes ?
Des races menacées, avec toutes les fermes qu’on visite, on en voit souvent. Mais le losino nous a fait mal au cœur. Ricardo vieillit, et peu de gens semblent se préoccuper de l’avenir de la race.
Les chevaux losinos manquent d’acheteurs, et de ce fait un certain nombre de jeunes chevaux losinos finissent à la boucherie. Quel gâchis ! Ils sont vendus trois fois rien. De plus, ils arrivent tous droit de leurs montagnes, avec tout à apprendre, ils nécessitent donc forcément un cavalier aguerri pour les acheter et les débourrer, ce qui complique encore un peu la tâche. Il manque d’élevages traditionnels de losinos, avec des poulains éduqués, prédébourrés, etc.
La nature dans les montagnes des losinos... posé sur une petite branche, un jeune faucon crécerellette !
Pourtant le losino pourrait trouver un usage : comme monture, pour les cavaliers de petite taille, légers. Pourquoi toujours privilégier les grands chevaux ? Tous les peuples cavaliers du monde ont de petits chevaux ! Ils sont tellement plus pratiques, en extérieur, pour monter, descendre, passer partout.
Puis le losino est joli. Comme ils sont très homogènes, ils feraient de magnifiques petits chevaux d’attelage.
Si certaines personnes sont sérieusement intéressées pour acheter un losino, nous pourrons vous mettre en relation avec Ricardo, mais ce ne sera pas forcément simple, il vous faudra notamment réfléchir au transport depuis l’Espagne, discuter avec les Espagnols. Cela dit, ça vaut le coup !
A quand un élevage français de chevaux losinos ?
Si vous voulez contribuer à la sauvegarde du très rare cheval losino, n’hésitez pas à faire circuler cet appel.
Deux sites espagnols pour en savoir plus :
http://www.soscaballolosino.com/Despues%20de%20mi%20marcha.html
http://www.caballolosino.es/
et en bonus, une petite vidéo :
Troupeau de chevaux losinos dans la montagne.