Costa Rica : l’étonnant ballet des colibris
Un voyage ornithologique au Costa Rica, en janvier 2018, a été l’occasion d’observer de nombreuses espèces de colibris dans d’excellentes conditions. Les capacités de vol que possèdent ces oiseaux minuscules sont incroyables !
Colibri de Rivoli mâle en vol puis faisant des acrobaties sur une branche. Colibri cyanote mâle. Colibri flammule. Colibri de Rivoli mâle immature.
Chez les colibris, on a l’impression que tout n’est que record. Leur taille d’abord, puisqu’il s’agit des plus petits oiseaux du monde dont le record est détenu par l’un d’eux – le colibri d’Elena qui ne pèse que… 1,5 à 1,9 g !
Question vol, ces oiseaux sont aussi des champions : jusqu’à 200 battements d’aile par… seconde. Le vol sur place n’a plus de secret pour eux. Voler de haut en bas non plus, pas plus que voler à reculons. Tout est bon dès lors qu’il s’agit de butiner les fleurs. Pour accomplir tout cela, il faut avoir un cœur solide et qui bat vite. Chez certains colibris, il peut atteindre 1260 battements par minute.
Petit mais costaud. Et bagarreur. Les colibris sont souvent très territoriaux et ne supportent pas de concurrence sur leur territoire. Agressifs, les mâles peuvent se battre – en vol bien entendu - pour séduire une femelle. Mais tout le monde se retrouve autour d’arbustes en fleurs, où quelques cris retentissent parfois, pour savoir à qui sera la fleur. Les colibris sont nectarivores et ils atteignent le cœur des fleurs grâce à leur longue langue.
Leur plumage est souvent constitué de plumes iridescentes. C’est-à-dire qu’elles prennent la lumière, offrant des reflets métalliques du plus bel effet.
Colibri insigne mâle. Sous le soleil ou sous la pluie, les couleurs ne seront pas non plus les mêmes.
On peut rencontrer des colibris à haute altitude. Pour se protéger des nuits fraiches, voire froides, les colibris peuvent, la nuit venue, tomber en léthargie. Ce qui leur permet de maintenir un métabolisme correct dans des conditions difficiles et malgré un poids plume.
On compte quelques 340 espèces de colibris dans le monde, l’essentiel en Amérique centrale et du Sud (quelques espèces en Amérique du Nord). Une bonne partie des espèces se trouvent dans la cordillère des Andes. Au Costa Rica, il y a tout de même 50 espèces.
Attention : il n’y a pas de colibris en France (et en Europe). Les observations rapportées de « colibris » concernent toujours un papillon au vol et au comportement de colibri : le moro-sphinx.
Quelques autres colibris du Costa Rica
C’est un émerveillement d’observer ces petits oiseaux voler et pirouetter entre les fleurs, mais ils se méritent ! Il faut avant cela affronter la moiteur étouffante de la jungle, les pluies tropicales qui peuvent durer des jours, passer outre de nombreuses vipères venimeuses et les gros scorpions de 10 cm qui viennent se cacher dans les chaussures, le sac photo et sous les lits !
Photographier les colibris, quelques conseils
Quand on découvre les colibris pour la première fois, on pense que c’est impossible de les photographier, tellement ils vont vite. C'est en effet un des oiseaux parmi les plus difficiles à mettre dans un objectif !
Une astuce, bien avant le voyage, c’est de s’entraîner en Europe sur un insecte, le moro-sphynx ! Le moro-sphynx, c’est petit, ça zigzague dans tous les sens ! Selon votre agilité, ça vous prendra un bon bout de temps avant de faire de jolies photos de cet insecte. Mais une fois que vous savez bien photographier un moro-sphynx, vous vous sentirez à l’aise avec la façon de voler ultra rapide des colibris. Les changements abrupts de direction vous surprendront moins.
Ensuite, il y a deux options : garder les ailes floues (le plus simple avec les colibris !) pour donner cet effet de vitesse extrême qui correspond à ce qu’on voit (à l’œil, on ne voit pas battre les ailes, ça va trop vite). Ou bien figer les ailes, pour en voir tous les magnifiques petits détails. Et pour ça, une solution : se mettre en mode AV, ouverture 5.6 puis pousser à fond les ISO (facilement jusqu’à 4000, selon les appareils – ici photos réalisées avec un Canon 7D). Bien sûr la photo va prendre du grain mais la vitesse de vol du colibri est telle qu’il n’y a pas beaucoup de choix.
Autre solution : attendre qu'il se pose ! ici colibri de Rivoli femelle, le bec plein de pollen ! Trouver un endroit avec une mangeoire à colibris est une autre bonne façon de les observer de plus près, même s'il ne faut pas trop encourager ces mangeoires remplies d'eau sucrée, les colibris devenant vite addicts au sucre !
Tous ces colibris ont été observés dans le cadre d’un voyage de la Ligue pour la Protection des Oiseaux et d’Escursia-voyages scientifiques. Guide ornithologique : P. J. Dubois, photographies : E. Rousseau