Martinet noir : la ronde des adieux
Malgré une météo jusqu'alors incertaine en de nombreux endroits de l’hexagone, c’est la période estivale, celle des longues soirées passées sous les dernières lumières dorées. Au-dessus de nous, les martinets noirs s’en donnent à cœur joie dans des poursuites effrénées et des stridulations aigües.
Les derniers jours de juillet marquent un tournant dans le quotidien. Les martinets ont fini de nicher et les jeunes s’exercent au vol en compagnie des adultes. Ces rondes vespérales regroupant les oiseaux sont nombreuses dans le ciel. Pour beaucoup d’entre nous, ce sont des jours d’insouciance et de vacances et bien peu remarquent ces farandoles aériennes, même si le cri strident des poursuites ne peut être ignoré des oreilles les moins expertes.

Rondes aériennes.
Il faut en profiter ! Car, un matin de fin juillet, le ciel est vide d’oiseaux noirs en forme de faux. Plus rien. Les martinets ont disparu et la soirée est là pour confirmer cette absence. Le ciel est redevenu silencieux. Les martinets sont partis. Ils sont partis alors qu’il fait chaud. Ils sont partis tandis qu’il y a encore des insectes dans les airs. Oui mais voilà, le martinet est réglé comme un métronome. Chaque année, et quel que soit la météo, les martinets noirs, muent par leur horloge biologique, nous quittent dans les derniers jours de juillet. Certes il en restera encore, par ci, par là, jusqu’aux premiers jours de septembre… Mais l’essentiel de la troupe a repris le chemin du sud. De l’Afrique équatoriale où ils vont passer tout le reste de l’année à voler, sans cesse, sans jamais se poser au-dessus de la grande forêt tropicale. Dans moins d’un mois, ils y seront, bien loin des villes et des villages de France.
Et au printemps, toujours animés par leur mouvement métronomique, ils reviendront à la même date. Dès avril sur le littoral méditerranéen, ils remonteront peu à peu vers le nord atteignant Paris, par exemple, toujours aux mêmes dates : les avant-coureurs vers le 20-25 avril, le gros de la troupe au 30 avril ou au 1er mai.

Rassemblement pré-migratoire (photo Marc Duquet).
En attendant ils partent ; ils sont partis. Et le ciel d’été silencieux nous indique qu’un tournant irréversible s’est produit dans le fil des saisons (celles de la nature, pas celles réinventées par l’homme). Le printemps est définitivement terminé et c’est l’automne et son cortège de migrations qui déjà se profile en cette fin juillet ; l’automne qui déjà est là, en réalité.
