environnement et societe
Petit papa Noël, quand tu descendras du ciel si tu pouvais arrêter de polluer un max
Ça y est ! Les rennes frétillent, les lutins chassent les araignées de leur barbe, et dans moins d'un mois, la plus commerciale des fêtes battra son plein.
Passons sur le rondouillard Père Noël (dont on se demande encore comment il ne se coince pas dans les cheminées), sur le petit Jésus, qui se pèle la coquillette dans sa crèche en plein hiver, et, avant de râler par anticipation, rappelons-nous que Noël a aussi des avantages.
D’abord, c’est quasi une fête de solstice – le solstice d’hiver aura lieu le 21 décembre, et après ça, les jours rallongeront ! Ce n’est pas une bonne nouvelle, ça ?
Sapin, non merci !
Divination : le grand Bestioloscope de l’été


La grande amnésie écologique
Mon essai La Grande amnésie écologique essaie d’analyser ce phénomène et propose des solutions.
Cette incroyable faculté à oublier

Pourtant, des chercheurs britanniques ont effectué une étude en 2008 auprès des pêcheurs qui vivaient sur les lieux où avaient existé ce dauphin et ce poisson. À leur grande surprise, ils constatèrent que plus de 70 % des pêcheurs de moins de quarante ans, ou qui avaient commencé à pêcher après 1995, n’avaient jamais entendu parler du poisson-spatule (et à peine moins du dauphin). En quelques années à peine, ces deux espèces, pourtant culturellement et commercialement connues et importantes, avaient déjà presque disparu de la mémoire collective locale.
Plus près de nous avec la biodiversité domestique : travaillant sur les races bovines de France menacées ou disparues, j’interrogeais un jour un ingénieur agronome d’origine franc-comtoise. Comme il était natif de la Haute-Saône où son père et son grand-père avaient été agriculteurs, je lui demandais s’il avait entendu parler de la race fémeline, disparue peu avant la Seconde Guerre mondiale, et dont le dernier bastion avait été justement ce département. J’espérais bien avoir des informations précieuses sur cette belle vache à présent perdue à jamais. À ma surprise, l’ingénieur me répondit qu’il ne connaissait pas cette race. Son père ni même son grand-père ne lui en avaient jamais parlé. Si son père élevait à présent des vaches de race montbéliarde, il est peu douteux que son grand-père avait dû côtoyer la Fémeline ou, tout du moins, en avoir entendu parler. Pourtant ni l’un ni l’autre n’avait jamais parlé de cette race à leur fils et petit-fils, pourtant chercheur agronome sur les… bovins.
Que retient-on de ces exemples ? L’extraordinaire faculté à oublier ce qui nous entoure, ce avec quoi nous avons vécu. La sélectivité de la mémoire fait que, si nous n’y prenons garde, on s’accommode des pertes du vivant en toute bonne foi, sans même en prendre conscience.
Il est nécessaire d’éviter ses oublis qui sont délétères pour l’ensemble de la communauté des êtres vivants. Comme pour les grands moments de l’Histoire humaine, il est extrêmement nécessaire de faire accomplir un devoir de mémoire à l’égard de la biodiversité.
Le syndrome de la référence changeante
Et bien il est en exactement de même dans notre appréhension de la biodiversité, de la nature et de ses ressources qui nous entourent.
Cette amnésie, qu’elle soit générationnelle et/ou individuelle, nous conduit à considérer tous les changements de la nature comme des événements normaux, suivants des principes d’adaptation et d’évolution « naturels », et donc à les assimiler à notre environnement quotidien.
C’est là un grand danger que d’amalgamer ce qui est lié à un processus naturel (évolutionniste, adaptatif) à ce qui est la conséquence directe ou indirecte d’une action humaine.
Cette banalisation et cette uniformisation des événements conduisentévidemment à leur rapide familiarisation, et donc à l’oubli des causes qui les a générés. Quelques années à quelques décennies plus tard, nous recevons de plein fouet leurs conséquences néfastes.
Education à l’environnement
Comme les Scandinaves apprennent l’anglais dès l’âge de 6 ans (11 chez nous) et le parlent infiniment mieux devenus adultes, il faut désormais apprendre la « science de l’environnement » aux enfants dès leur plus jeune âge. A l’école, avec les enseignants dédiés, mais aussi en mettant les élèves en contact avec des utilisateurs de l’environnement, du monde agricole, de celui de la protection de la nature, en les faisant rencontrer les anciens (qui n’attendent que ça) qui leur parleront de la nature qu’ils ont connu eux-mêmes à leur âge, et en les faisant concrètement côtoyer la nature (« sauvage » ou citadine, qu’importe).
Arrêtons de remplir la tête de nos enfants de connaissances dont ils ne se serviront jamais et laissons un peu de temps à une éducation à l’environnement cohérente. Si l’instruction civique a disparu, remplaçons-là par l’instruction environnementale !
Révolution ou évolution ?
Nous avons le choix d’une évolution de notre société dans une voie écologique, au-delà des clivages politiques. Une troisième voie, ni de gauche, ni de droite. Ecologique. Une voie où la sobriété n’empêchera pas ni le confort, ni la consommation, mais qui nous fera toucher du doigt à chaque instant que nous vivons dans un monde fini avec des ressources finies. Accompagner cette démarche respectueuse, c’est entrer dans un processus évolutif qui nous permettrait de sortir sans trop de dommages de cette hypercroissance actuelle.
Sinon, l’alternative sera une révolution, dont le point de départ sera la lutte pour la possession des biens naturels (eau, matières premières, énergies fossiles) indispensables pour la croissance. Or, il est peu probable que, verte ou pas, une révolution se fasse sans violence et les tensions géopolitiques à venir seront de toute façon sous-tendues par des enjeux environnementaux. Jared Diamond, dans son livre remarquable - Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Paris, Gallimard, 2006 - a bien montré qu’il y a quatre facteurs principaux ont conduit à la disparition de ces sociétés : le changement climatique, la dégradation de l’environnement, l’hostilité envers leurs voisins et, enfin, les rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux.
On a un peu l’impression de vivre une telle situation, non ?
voir l'interview Good Planet
Regarder la video de présentation du livre.
Quelques chiffres
Une espèce disparait toutes les 20 minutes dans le monde. On estime à 20 000 le nombre d’espèces animales et végétales qui disparaissent chaque année définitivement de la surface de la Terre. Ce chiffre est une estimation basse puisque l’on ne connaît pas le nombre exact d’espèces sur terre (entre cinq et quatorze millions).
Chaque minute c’est l’équivalent de 36 terrains de football qui est déforesté en région tropicale, soit environ 140 000 km² annuellement. Actuellement, la disparition de la superficie de cette forêt tropicale est estimée à 0,5 à 1 % par an. À ce rythme, celle-ci aura disparu dans deux siècles environ.
Dans le même ordre d’idées, les pertes de surface arable (c’est-à-dire qui peut être cultivée) sont estimées entre 70 000 et 150 000 km² par an (soit entre 12 et 25 % du territoire français)…
Et on nous dit qu’il faudrait deux planètes comme la Terre pour nourrir toute la population en 2050. Il y a là comme une équation insoluble.
La Syrie, fabuleux pays en pleine tourmente





L’art le plus naturel
![IMGP7736bis[1]](http://img.over-blog.com/300x97/4/27/48/68/land-art/IMGP7736bis-1-.jpg)
Des révolutions pour UNE révolution
Les événements actuels dans les pays du Maghreb comme dans ceux du Moyen-Orient doivent nous porter à l’optimisme. S’il est clair, aujourd’hui, que personne n’a idée de ce que sera la future gouvernance dans ces pays en ébullition, chacun peut se réjouir en constatant que les régimes les plus autoritaires, les plus installés dans une autocratie ou une dictature, finissent tous, un jour, par tomber. Et tomber sous l’assaut de la rue aux mains nues, portée par un ras-le-bol tellement fort, qu’il est incontrôlé (et incontrôlable).
Mais il n’y a pas de révolution linéaire. Il n’y a pas de révolution sans versement de sang. Il n’y a pas de révolution sans douleur. Toute révolution est un accouchement. Et comme l’accouchement, la révolution donne la vie. Une autre vie où l’on change complètement de logiciel. Et pour rester dans le vocabulaire informatique, la révolution va plus loin : elle reformate le disque dur.
C’est bien ce qui nous manque à nous, dans le monde occidental, c’est la capacité de se révolter. S’indigner, oui, on sait faire. Mais se révolter, on ne sait plus guère. Pourtant le monde consumériste dans lequel nous vivons, dirigé par cette oligarchie à bout de souffle - si bien décrite et démontée par Hervé Kempf dans son dernier livre (L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, Le Seuil, 2011) -, aurait bien besoin lui aussi de reformater son disque dur. Nous ne pouvons plus continuer à vivre sur la terre en faisant fi des manifestations de son épuisement et de son capacité à produire des ressources à l’infini qu’elle nous donne chaque jour. Nous ne pouvons pas plus laisser un petit nombre piller notre héritage commun. Pas plus que nous ne pouvons laisser à ce même clan d’oligarques le soin de nous diriger, par-dessus la tête des dirigeants politiques devenus muets et manchots. Et continuer à croire que le jetable est bien mieux pour notre confort que le durable. Et afficher sur les murs que les grandes entreprises se battent pour une terre meilleure, une vie plus verte, une économie plus durable… Les balivernes du green washing ne dupent que ceux qui ne veulent rien voir d’autre que leur confort immédiat, matériel et intellectuel (enfin, intellectuel, c’est assez vite dit ; c’est plutôt du washing de cerveau télévisuel…).
Mais l’alternative à tout ça, c’est quoi ? L’altermondialisme ? Les écologistes ? Les tiers-mondistes ? Les mouvements de consommateurs ? C’est peut-être tout ça, en effet, et rien de ça non plus… Comment se fait-il, par exemple, que les discours des uns et des autres précités n’aient qu’aussi peu d’échos auprès des populations occidentales ? Sans doute la voix libérale du monde marchand est-elle plus forte que la petite musique de ceux qui voudraient vivre autrement. Autrement que de façon marginale. Il serait illusoire de penser aujourd’hui que ceux qui veulent changer de mode de vie et de consommation va grossir de façon exponentielle et que bientôt ils pourront faire entendre leurs arguments pour que l’on cesse de vivre les yeux fermés sur notre avenir. Non, ce n’est pas la bonne hypothèse, car cela fait désormais trop de temps (trois décennies) que ces voix se perdent dans le désert.
Il serait sans doute nécessaire qu’une révolution verte éclate dans le monde occidental.
Pas la révolution « verte » de Kadhafi, évidemment ! Celle-là, on l’oublie ! Une révolution menée par les classes moyennes qui, confrontées au chômage, à l’impossibilité de consommer davantage (trop endettées), à de pathologies liées à cette consommation (qu’avons-nous dans notre assiette ? Et que respirons-nous ?), descendront dans la rue pour crier leur colère contre ceux qui, dans leurs bureaux panoramiques auront passé leur temps à nous faire croire aux chimères de la consommation intensive, à l’infini des ressources naturelles et l’inintérêt de la biodiversité pour notre propre bien-être. Il y aura un temps où le monde occidental se révoltera. Et voudra revenir à une consommation plus simple, à une sobriété nécessaire pour vivre bien. Mais l’effondrement de notre société telle qu’elle est aujourd’hui est inéluctable. C’est peut-être de la jeunesse que viendra le « reformatage du disque ». Il n’y aura pas de dictature, pas plus que d’ordre écologico-autoritaire ou de communautés babacoolo-verdâtres. De cette révolution doit naître une société qui consomme toujours, mais mieux, qui ne tourne pas le dos au progrès mais qui en fait bon usage, qui échange sur un mode marchand, mais ni à sens unique, ni dans un but uniquement tourné vers le profit immédiat, qui remet enfin chaque acteur de la terre à sa juste place en tenant compte des réalités économiques et environnementales locales. Bref une société qui aura décidé de prendre en main son destin et celui de sa planète de manière sobre, cohérente et durable.
Alors il faut sans doute encore des révolutions comme celles d’aujourd’hui pour que vienne LA révolution.