Expédition dans le désert de Gobi (Mongolie), épisode 5
Carnet de voyage d’Élise
Après avoir observé alouettes mongoles, grues demoiselles et oies à tête barrée, puis s’être faits intimidés par des taureaux approchés d’un peu trop près, nous reprenons la route.
Le cheval du milieu porte la fameuse marque à l'épaule que je recherche ! Mais elle est claire et je ne l'ai pas vue sur le terrain, seulement après, en regardant la photo !
Terbish nous arrête pour déjeuner dans un endroit semi-désertique. Pas un seul buisson ! Pratique pour la seule fille dans un groupe de gars, quand on a envie de faire pipi ! En Mongolie, le buisson ou la grosse pierre, c’est précieux, vous n’avez pas intérêt à rater LE buisson de la journée.
Les cuisinières mongoles s’enroulent dans un grand manteau et vont faire leurs petits besoins un peu plus loin, l’air très digne, mais le concept ne me tente pas du tout. Bref, il n’y a nulle part où se cacher à la ronde, et Myangaa le chauffeur de notre camion passe son temps, à la moindre pause, à lustrer son véhicule avec un petit chiffon, donc pas question d’uriner en douce derrière une portière ! N’y pensez même pas ! Il nous a à l’œil. Il surveille tout, ne quitte pas son camion des yeux.
Les gars tracent vers le lac, tandis que je rallie en pestant intérieurement une petite colline caillouteuse, assez loin, en sens inverse.
Une rencontre inattendue
J’y trouve une petite bergerie en pierre, abandonnée : parfait pour se cacher. Mais à peine installée, voilà qu’une chevêche de la sous-espèce plumipes s’envole en m’engueulant copieusement d’avoir osé troubler sa quiétude !
Chevêche d'Athéna, sous-espèce plumipes (athene noctua plumipes). C'est une chevêche au plumage légèrement plus clair. Certains en font une bonne espèce.
Suit une observation magique (pour moi, pas pour elle, qui est furax !).
Elle me toise du haut d’une pierre, depuis laquelle elle m’agonit d’injures de chouette en se redressant et en s’aplatissant, très sûre d’elle.
« M’engueule pas, si tu savais comme je t’aime ! »
Au fond de la steppe, cette mémère ne doit pas être dérangée bien souvent. Je ne reste pas, mais en partant je trouve sa pierre de prédilection : fientes, plumes, pelotes de réjection. Madame s’est goinfrée de coléoptères !
De découverte en découverte
Autre moment fort de la journée, je trouve par hasard les premiers gravelots orientaux, ce qui me vaut un check de félicitation de Terbish. Je suis fière comme un pou !
Plus tard, en marchant dans la steppe (nous attendons l’autre camion, qui a pu récupérer le bagage perdu par l’Aeroflot et qui est, du coup, en retard), derrière une colline, une alouette haussecol m’attire aux abords d’un cimetière.
Juste quelques stèles et des tombes à même le sol, au milieu de nulle part.
Je n’avance pas plus.
Connaissant les Mongols, et me souvenant du crâne humain découvert en 2012 près d’un lac, je me dis que ce cimetière pourrait bien réserver quelques surprises…
Un peu plus tôt dans la journée, nous avons croisé des vautours (un vautour de l'Himalaya et des vautours moines).
Des os
Je ne me trompe pas. Les gars, qui arrivent après moi, le traversent et y trouvent un squelette humain entier, en plein air.
« Tu veux voir ?, me demande Philippe.
…
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