Expédition dans le désert de Gobi, épisode 18
Carnet de voyage d’Élise Mazaalai karshan emegtei
Myangaa s’arrête instantanément. Ça y est, c’est le moteur qui explose, me dis-je. « Vite, vite, sortons du camion ! », je me précipite dehors. En fait, il s’agit simplement de fils qui ont cramé, à cause du chargeur de batteries des appareils photo branché dans la prise allume-cigare, et qui a surchauffé. Des fils ont fondu…
Myangaa répare, imperturbable. Et il y arrive !
Perdus ?
Plus loin, la sublime steppe est éventrée par des mines de fer. Les mineurs y ont tracé une vraie route. Ces nouveautés semblent perturber les repères des Mongols, qui, une fois n’est pas coutume, hésitent. Ils sembleraient presqu’un peu perdus, quittent la piste principale, y reviennent… Finalement, ils retrouvent leur chemin.
Sans carte, sans panneaux, sans GPS… Ils nous impressionnent chaque jour. Quand on dit que les humains ont perdu leurs sens, leur instinct, ça dépend desquels ! Les Mongols ont un sens de l’orientation digne des oiseaux migrateurs. Ils nous stupéfient.
Tchonne bi yu ?
Nous arrivons à une steppe d’une beauté surréaliste, au coucher du soleil. Des paysages inimaginables.
Je trouve le moment opportun pour lâcher un :
« Tchonne bi yu ? »
Terbish éclate de rire de me voir parler mongol. Oui, il y a des loups, me répond-il.
Nous nous arrêtons au lac Alag, une fantastique zone humide.
Ici, c’est plein de moustiques voraces, mais pas de tiques ! Et on a droit à une micro-douche, hourrah ! Pourquoi ne nous baignons-nous pas dans les lacs pour nous laver ? A cause des hordes de moustiques, mais aussi des sangsues !!
Ce soir, Terbish nous fait un grand discours qui me casse le moral : il en rajoute encore sur les moustiques féroces qui nous attendent à la fin du séjour, pires que tout ! Nul humain, nul animal domestique ne peut vivre là-bas ! Seuls les crazy french men veulent aller là-bas. Et les mouettes reliques…
Ces perspectives me donnent un petit coup de mou.
La revanche de la marouette de Baillon
En pleine nuit, je suis réveillée par des ébrouements d’équidés ! Brrrrr…. Brrrrrr…. Brrrrrr…. Il y en a plusieurs ! C’est sûr, ce sont des khulans (ânes sauvages) qui viennent boire au lac ! Excitée comme une puce, je commence à secouer Philippe pour le réveiller, quand je réalise alors… Ce ne sont pas des khulans, mais mes voisins de camp qui… ronflent.
Décidément… Moi aussi je suis obsessionnelle ! Mais avec les canassons…
Onzième jour. Mardi 28 juin.
Le matin, Pierre me montre les amples mouvements de bras arrière qu’il faut faire pour ne pas se faire dévorer le cul par les moustiques en allant aux « toilettes ».
Nous nous rendons dans le marais, qui est fantastique. Plouf ! Je mets le pied dans un trou d’eau…
C’est plein de jolies araignées, de papillons et d’oiseaux.
Des syrrhaptes, une bécassine des marais qui parade, et surtout, un piaf pas connu à cet endroit : la locustelle de Pallas ! Cette trouvaille met Philippe dans un état de fébrilité avancé !
En rentrant, Pierre trouve des traces de loup (pas de chien ici ! et trop grosses pour un renard).
En route ! Il faut désormais traverser la montagne.
Nous roulons jusqu’à une gorge, qui va en se rétrécissant de plus en plus.
De plus en plus…
De plus en plus…
Jusqu’à ce que des gros cailloux et un torrent nous bloquent le passage. Qu’allons-nous faire ?
Suite au prochain épisode...