Rencontre avec les chevaux de Przewalski
Les collines du parc national d’Hustaï, en Mongolie.
L’herbe est jaunie par le soleil.
Le professeur Terbish Khayankhyarvaa vient de me prendre par le bras. Il lève la main en l’air, fait signe d’écouter. Écoute. Là-bas. Un roulement de sabots lointains. Un roulement qui sort de la terre, qui vibre dans l’atmosphère silencieuse. Plus personne ne bouge. Plus un oiseau ne crie. Le roulement remplit l’espace, de plus en plus impérieux. De plus en plus proche.
Terbish cligne des yeux. Ce sont eux. Ils arrivent. Il l’avait promis. Depuis des jours, depuis des nuits. Il connaissait le lieu et l’heure, l’endroit précis, où un roulement de sabots surgirait de la montagne, où un nuage de poussière s’élèverait de la colline, où apparaîtrait le troupeau sauvage des chevaux de Przewalski.
Et il avait raison. La poussière s’élève par-dessus la colline, sans qu’on ne les voie. Une poussière de plus en plus haute, de plus en plus dense. La poussière qui précède l’arrivée des chevaux.
Sens en alerte, souffle coupé, et voilà les incroyables animaux, si longtemps attendus, surgissant des rochers de Mongolie, qui filent plein galop droit devant eux, sans même un regard pour nous, pour rejoindre le point d’eau où ils s’abreuvent chaque soir.
Les heures de camion russe et ses soubresauts dans les montagnes, le dos pétri par le sol dur sous la tente, les enlisements dans le désert de Gobi, les épines sous les pieds, les yaks qui réveillent la nuit en passant trop près du campement, le vent du soir qui arrache tout, les orages dans la steppe, le crâne humain séché au bord d'un lac, les squelettes de chevaux éclatés au fond des ravins… tout est oublié.
Ils sont là. Les derniers chevaux sauvages. Le takh mongol.
L’étalon est plus sombre que les autres. Il se roule dans la boue. Le point d’eau est le lieu de quelques jeux, mouvements de tête, éclaboussures.
Les poulains sont très pâles.
Le troupeau les protègera des loups.
Et vue la vitesse déterminée de leur galop, leur puissance compacte, les prédateurs auront sans doute bien du mal à croquer l’un de ces chevaux.
Sous nos yeux, s’éloignant déjà, c’est le résultat d’un des plus incroyables programmes de conservation d’une espèce jamais menés.
Les chevaux de Przewalski, après avoir disparu de la planète à l’état sauvage, vivent à nouveau en liberté. En Mongolie.
Pour en savoir plus sur les chevaux de Przewalski et le programme de conservation de l’espèce :