Ver luisant : petite lumière d’une nuit d’été

Publié le par lesbiodiversitaires

L’autre soir, sous la belle nuit étoilée, un petit mirage sur la pelouse, une lumière dans la nuit… Ce point luminescent dans l’herbe, c’est un ver luisant, appelé également Lampyre.
 
Les scientifiques le nomment Lampyrisnoctilucanoctiluca : la lumière de nuit  - mais contrairement à son nom familier, le lampyre n’est pas du tout un ver. C’est un insecte, un coléoptère même (comme nos bousiers et nos scarabées), de la famille des Lampyridés. Le terme de « ver » vient du fait que les femelles ont un corps mou qui peut en effet rappeler une sorte de ver. En fait, elles ont gardé leur forme larvaire à l’âge adulte (néoténie). Mais la comparaison s’arrête là. Les lampyres se trouvent dans toute l’Europe et à l’est jusqu’en Chine et même aux portes de l’Arctique, presque le cercle polaire ! Il est possible que le réchauffement climatique puisse favoriser l’expansion de cette espèce vers le nord.
 
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Lampyre femelle, photo prise sans flash.
 
Ver-luisant-flash-VA.jpg
Lampyre femelle, même animal pris au flash (la lumière verte n'est plus visible).
 
Chez les lampyres, c’est surtout madame qui brille. La partie terminale de son abdomen luit dans la nuit. C’est un phénomène de bioluminescence, c’est-à-dire que des molécules de luciférine, au contact de l’oxygène, donnent cette lumière verdâtre si caractéristique. Les dames la produisent en fait pour attirer les mâles – qui sont volants – et qui, eux, en produisent bien moins car seul le dernier segment de leur abdomen est concerné.
Et chez ces lumineux insectes, même les œufs sont lumineux.
Les vers luisants n’apprécient pas la pollution lumineuse. On peut comprendre pourquoi.
 
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 Lampyre femelle (en médaillon le mâle).
 
Ne vous fiez pas à cette petite lumière nocturne. Les lampyres sont de redoutables prédateurs. Demandez aux escargots : ils sont les victimes des larves des lampyres qui s’en délectent. Les larves seulement, car à l’âge adulte les « vers luisants », comme bon nombre d’insectes, ne pensent qu’à se reproduire. Ils ne mangent donc quasiment plus et mourront après la reproduction.
En attendant, dans l’herbe noire de la nuit, notre femelle de lampyre émet sa petite lumière pour attirer quelque mâle qui vole sans doute près de nous, sans que nous en doutions.
 
(Un grand merci à Vincent Albouy et André Fouquet pour leurs photos).
 
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Info supplémentaire du 25 août : enquête vers luisants
Une pré-enquête sur les vers luisants a eu lieu il y a quelques mois. Plus de 1 000 personnes ont répondu. Merci de participer à ce second volet de l'Observatoire des Vers Luisants.
Vous pouvez  faire part de vos observations 2012 (vu ou pas vu !) à cette adresse :

http://www.observatoire-asterella.fr/OVL3.html

L'Observatoire vous incite également à faire des observations simultanées du 24 au 31 août 2012 et renseigner par la suite cette page :

http://www.observatoire-asterella.fr/OVL2.html

L'analyse exploratoire des premières données (pré-enquête) montre que certains habitats (terres arables non irriguées, zones urbanisées) ont un impact négatif important sur la dynamique de population des vers luisants. La poursuite de l'investigation et l'augmentation du nombre de participants devrait permettre de s'intéresser à des effets moins faciles à observer.
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Publié dans Biodiversité sauvage

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M
Ayant la chance d'habiter une région sans pollution lumineuse (ou du moins limitée), à voir le nombre de mâles qui s'échouent de nuit sur mon écran d'ordi quand je tapote ou sur la veilleuse du<br /> décodeur de la télé par ces belles nuits estivales depuis quelques semaines, je me dis que le sympatique animal y est bien représenté...Cependant je n'ai encore observé qu'une femelle cette année!
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