Expédition dans le désert de Gobi – épisode 1
Carnet de voyage d’Élise
1er jour – samedi 18 juin 2016
« Je commence ce carnet dans le ciel, quelque part au-dessus des nuages, en direction de Moscou, où nous devons faire escale avant de repartir pour Oulan-Bator.
L’avion vient de faire un détour pour contourner un orage, mais nous traversons tout de même une petite zone de perturbations.
Nous sommes en retard, et ne savons pas si nous allons avoir notre correspondance, à Moscou. Pas sûre que l’Aeroflot russe fasse grand cas de 5 voyageurs en partance pour le désert de Gobi...
Pourquoi est-ce qu’au moment du décollage, j’ai pensé aux chips d’ortie d’Audrey et Martin ? Si l’avion s’était crashé, c’était donc ça ma dernière pensée, les chips d’ortie !
- Recette : cueillez de grandes feuilles d’ortie, rincez-les, puis faites-les revenir dans de l’huile d’olive. Salez et servez-les, craquantes, à l’apéro ! Un délice. –
Si. Je me souviens pourquoi j’ai pensé aux chips d’orties… C’est parce qu’en Mongolie, pendant 17 jours, je ne vais guère manger de verdure, mais de la viande, rien que de la viande, matin, midi et soir !
Méditations post-décollage
Au moment du décollage, j’ai aussi pensé à une phrase que Julie m’a dite il y a longtemps : « Les gens s’interdisent de vivre en prenant toutes sortes de prétextes. Ils se limitent en disant que c’est à cause de leurs enfants, ou bien de leur couple. Mais ils se mentent, bien sûr. S’ils ne vivent pas leur vie, c’est juste de leur faute à eux ! ».
Être libre, la grande question !
« La liberté d’autrui étend la mienne à l’infini », disait l’anarchiste russe Bakounine.
C’est d’actualité, puisque je me rends en Russie !
Que des mecs
5 voyageurs, donc, et sûrement tout autant de Mongols.
Évidemment, que des mecs, comme d’habitude… J’espère que Terbish aura ramené la cuisinière mongole de la dernière fois, ma pote mongole, qui m’apprenait le mongol en riant devant mon accent improbable, lors du dernier voyage.
Ça me ferait une compagne, parmi tous les barbus bientôt couverts de poussière qui seront mes compagnons de voyage.
Coup de flippe dans l’avion
Dans le petit livre de vocabulaire mongol que je lis, je tombe sur cette phrase :
« Le réseau routier est inexistant et limité aux grandes villes. La signalisation est inconnue, les cartes rudimentaires et très souvent inexactes, ne vous mèneront nulle part ! (…) Pour se situer dans l’espace, le chauffeur mongol se repère « à l’ancienne », en observant les différentes bornes naturelles que sont montagnes, forêts et canyons. »
Cette lecture me donne un coup de chaud. Ça me fait des picotements dans le dos…
Même si je sais que c’est vrai, pour l’avoir déjà vécu, ce n’est pas très réjouissant de se le rappeler quand on s’apprête à se rendre dans un des endroits les plus reculés du désert de Gobi, c’est-à-dire un des endroits les plus reculés de Mongolie, c’est-à-dire un des endroits les plus reculés de la planète…
« Hummm… Et encore, m’a lâché Philippe il y a quelques jours, je ne t’ai pas tout dit. »
Ces quelques paroles m’ont déclenché quelques suées nocturnes : « Mais dans quoi me suis-je encore embarquée !? »
Il a fini par me montrer la carte d’un des coins du désert où nous devons aller : toute blanche, sans la moindre route…
Cela dit, je ne suis pas la seule à me faire du souci. Pierre m’a dit à l’aéroport que ça faisait un mois qu’il était mal…
Mais maintenant, plus le choix ! Je suis dans un putain d’avion qui contourne un putain d’orage, en direction de Moscou.
Suite au prochain épisode...