Expédition dans le désert de Gobi (Gobi A, Gobi B), juin-juillet 2016 – voyage ornithologique et mammalogique
Carnet de voyage d’Élise Rousseau (texte, dessins, photos)
A mes amies voyageuses, Julie,
et Anne (qui aurait tant voulu être avec nous - la prochaine fois !)
Préambule
L’avant-veille de mon départ en Mongolie, je me goinfrais, avec mon amie Julie, naturaliste, de bricks au fromage de chèvre, frites de patates douces et autres douceurs, en refaisant le monde, quand soudain elle m’a dit, en faisant des yeux tout ronds :
Ce n’était pas la première fois que j’entendais cela… alors, je me suis dit : d’accord. Cette fois-ci, je vais écrire le récit de cette expédition.
D’abord destiné à mes proches, nous avons finalement décidé, au vue des aventures vécues et des infos naturalistes + sur la biodiversité domestique mongole à faire partager, de le publier sur ce blog, comme une parenthèse plus personnelle à nos articles plus sérieux.
Rappelons qu’il y a presque 10 ans (déjà !), nos copains Matthieu et Annaïg ralliaient la Mongolie en camion (voir leur blog). Une entreprise fort audacieuse, quand on sait ce qu’est la Mongolie !
Rappelons aussi le premier épique voyage en Mongolie, en 1998, de Philippe, rapporté dans les Tribulations d’un chercheur d’oiseaux.
Entendre parler de la Mongolie par Matthieu ou Philippe m’avait donné envie de découvrir cet incroyable pays, rêve réalisé une première fois en 2012.
Il s’agit cette fois-ci, en 2016, d’un voyage naturaliste de 17 jours, accompli sous l’égide et grâce au partenariat entre la LPO et Escursia-voyages scientifiques.
Voici à quoi ressemble, au quotidien et en profondeur, l’un de nos voyages, avec aussi toute sa dimension humaine.
Ce sera le feuilleton de l’été sur Les Biodiversitaires, en 27 épisodes. Cette rubrique du blog peut se lire indépendamment du reste, c’est une histoire à part entière.
D’Ju, tu l’auras voulu ! ;-)
Carte de nos différents itinéraires en Mongolie
Buts scientifiques
Outre le plaisir de se rendre en Mongolie, d’observer sa faune, sa nature et ses paysages fantastiques, et de rencontrer l’extraordinaire peuple mongol, il y avait aussi plusieurs buts scientifiques à cette expédition :
Faire un petit point ornithologique sur les espèces présentes dans le Gobi A et B, très peu connues, comme par exemple la fauvette « babillarde » qui niche ici en plein désert dans des micro-oasis ou encore la bergeronnette printanière leucocephala dont on ne sait quasiment rien.
Suivre dans le Gobi A l’un des gardes s’occupant de la conservation de l’ours de Gobi dans ses relevés de pièges-photo, et vérification des placettes d’alimentation.
Pour moi, plus spécifiquement, approfondir la question d’une étrange marque naturelle à l’épaule présente uniquement chez les chevaux mongols/transbaïkal/yakoutes et Przewalski, en observant sa présence ou non dans les populations de chevaux domestiques de ces régions plus reculées. (Voir mon article sur le sujet publié en 2014 dans le n°94 de la Revue d’Ethnozootechnie).
PDF de l'article ayant servi pour la Revue d'Ethnozootechnie.
Le voyage de 2012 avait permis de découvrir dans la grande vallée de la rivière Tül le roselin brun, très mal connu, ce qui avait donné lieu à un article de Philippe dans la revue de l’Oriental Bird Club – Birding Asia.
Les espèces que nous espérons voir :
Côté oiseaux :
Syrrhapte paradoxal, traquets isabelle et du désert, bruant à cou gris, oie à tête barrée, érismature à tête blanche, pélican frisé, mouette relique, goéland de Mongolie, vautour moine, aigle des steppes, podoce de Henderson, moineau des saxauls, pie-grièche des steppes, alouette de Swinhoe, buse de Chine, faucon sacre, roselin de Mongolie, tétraogalle de l’Altaï, accenteurs bruns et de l’Altaï, linotte à bec jaune, pygargue de Pallas, gravelot de Leschenault, pipits de Richard et de Godlewski...
Et côté mammifères :
Bouquetin de Sibérie, hérisson oreillard, renard corsac, pikas (petits lagomorphes proches des lapins) ou argali (le plus grand des mouflons), gazelle à queue blanche, antilope saïga, cheval de Prjevalski, hémione, gazelle à goitre, sousliks à longue queue... et avec un peu de chance, loup, chameaux de Bactriane.
Et enfin, nous espérons trouver des traces du mythique ours de Gobi (le voir est quasi mission impossible).
Mais d’abord, que sont le Gobi A et le Gobi B ?
Superficie du désert de Gobi : 1 300 000 km²
Ce qu’on appelle le Gobi A, c’est la Great Gobi A Strictly Protected Area.
Le Gobi B est la Great Gobi B Strictly Protected Area.
Le Gobi A est beaucoup plus difficile et hostile (très minéral) que le Gobi B.
Présentation de l’équipe : 7 Mongols, 5 Français !
Les Mongols :
Terbish Khayankhyarvaa : professeur d’écologie à l’Université d’Oulan-Bator, herpétologue, auteur du livre de référence sur les reptiles et amphibiens mongols. En plus de son travail universitaire, il accompagne 1 à 2-3 fois par an des voyages naturalistes/scientifiques.
Nyambayar Yanjin: travaille à la protection de la faune du désert du Gobi A, et notamment l’ours de Gobi. Un des rares êtres humains à bien connaître les pistes du Gobi A.
Myangan (surnom : Myangaa) : chauffeur du camion russe des naturalistes. Conducteur intrépide et globalement très doué.
Galbadrakh (surnom : Galaa) : chauffeur du camion russe de maintenance. Conducteur hors pair et mécanicien également très doué. Capable de bricoler n'importe quoi dans n'importe quelles circonstances.
Tsevgee : cuisinière pendant une bonne partie du voyage. On doit la déposer dans le village de Tonhil où elle nous quittera.
Munkhzul (surnom : Zoulaa) : fille de Galaa, aide-cuisinière jusqu’au départ de Tsevgee puis cuisinière à son tour.
Les Français :
Philippe : ici dans sa fonction de leader d’expéditions naturalistes, à titre professionnel (a guidé plus de 40 voyages naturalistes dans le monde, pour Destination nature, Wildwings, Birdquest ou Escursia).
Pierre : naturaliste. Aussi auteur de la fameuse Étymologie des noms d’oiseaux et de la non moins fameuse Étymologie des noms de mammifères.
A suivre...