Expédition dans le désert de Gobi, épisode 10
Carnet de voyage d’Élise
Au fond du Gobi A, objectivement, il y a de quoi ne pas être complètement rassuré. Nous n’avons pas de téléphone satellitaire et donc, en cas de panne, aucun moyen de joindre quelqu’un.
« Vous avez vu le chauffeur hier soir ?, demande S., Il a démonté toute une partie du moteur, y’en avait partout.
- Dans ma tente, les tiques, c’était un véritable zoo », rajoute R.
Quant à moi, j’ai fini par m’écrouler de sommeil, malgré ma décision de lutte sans merci contre les tiques.
Nous sommes retournés à l’oasis ce matin, où nous avons chacun rechopé plus d’une dizaine de tiques qui cavalent sur nos vêtements ! On s’est foutu à moitié à poil pour s’épouiller les uns les autres avant qu'elles ne nous mordent.
Flânerie à Sharl Khuls
Dans l’oasis, je suis partie en avant, à la recherche des papillons.
J’entends les ornithos qui arrivent derrière moi, je me cache derrière un buisson (où 4 tiques tentent de m'escalader) et pousse un puissant : GRAOUUUUUU !
Bon, on m’a déjà bien prise pour une marouette de Baillon, je peux bien essayer de me faire passer pour un ours de Gobi. « C’est quoi ce bruit ? », demande Pierre, pas plus effrayé que ça.
Philippe de son côté continue ses prises de son pour la fauvette qui l’intrigue, et pour son dossier pour Lars Svensson.
Terbish fait une coche
Terbish, lui, a attrapé un lézard rare. Il est aux anges car c’est la première fois qu’il en voit un. Cyrtopodion elongatus très exactement. Une coche pour un herpétologue, c’est pas rien ! Je sens qu’on va encore devoir fêter ça à la vodka chinoise… (pour les non-initiés : une coche pour un naturaliste, c'est la première fois qu'il voit une espèce)
L'oasis infernale
Nous avons étudié nos tiques, il y en a deux catégories : les géantes à pattes jaunes, et les énormes noires.
(En France, un bon moyen de ne pas avoir de tiques dans son jardin, c’est d’avoir des poules ! Mais il n’y a quasi aucune poule en Mongolie ! J’aurais dû emmener une poule en voyage !!)
Alors voilà. En fait, les oasis, c’est comme la vie. T’en chie dans le désert, t’as chaud, t’es mal, t’es seul, tu crois que tout est perdu et enfin tu trouves une oasis merveilleuse : ça y est, le bonheur, la sécurité, enfin !!! … sauf que l’oasis est bourrée de tiques, et que t’es finalement super content de retourner dans le désert… Rien n’est jamais parfait. T’as le choix entre crever de soif ou finir dévoré par les tiques.
Une vallée de pierre au fond du désert
Nous reprenons la route. Plus loin dans le désert, nous nous arrêtons à une vallée de pierres, où est placé un piège-photo.
Nyambayar le relève : deux films montrent le passage récent d’un gros ours !
Moi, il me semble que si j’étais un ours, j’irai plus au frais au fond de la vallée. Alors pour aller voir, j’escalade un rocher.
« Tu vas où, Zou ? »
Je ne réponds pas tout de suite, parce que j’ai trouvé quelque chose. Les mammifères, c’est vraiment ce que je préfère. Pourtant, si je tombais sur l’ours, je ne ferai pas la maline. Mais je dépasse ma peur : j’avance...
« Venez voir ! Il y a des traces ! »
Suite au prochain épisode...