Expédition dans le désert de Gobi, épisode 9
Carnet de voyage d’Elise
Nyambayar, après le repas, me dévoile des centaines de photos faites au piège photo. C’est incroyable !
Il accepte de m’en donner quelques-unes sur clé USB. Des documents uniques !
C’est magique de savoir que tous ces animaux vivent autour de nous, même si on ne les voit pas.
Terbish n’a vu que deux fois l’ours de Gobi, et encore, c’est parce qu’il a travaillé dans le Gobi étant plus jeune.
Les photos de panthère des neiges sont fabuleuses. Ça me fait rêver… Nyambayar me montre ses centaines de photos patiemment, en m’écoutant m’extasier à chaque cliché. « Bayarla, bayarla ! », « merci, merci ! », lui dis-je, merci Nyambayar pour ce moment magique.
« Chinese vodka »
A 23 h, avec Terbish, nous partons chercher des mammifères et des reptiles nocturnes, des rêves plein la tête et une nuée de tiques aux trousses.
Mais avant ça : « Come, come Elise ! ». Terbish insiste : je dois boire un coup de vodka chinoise ! C’est la tradition ! Moi qui n’aime que le cidre, je crache du feu après ça.
Pierre boit sa rasade cul sec : « C’est plutôt une boisson d’hommes. Tu la sens descendre. Mais bon, on peut pas les vexer. Si après ça je ne vois pas de mammifères…»
Allez, c’est parti, une virée dans le désert de Gobi en pleine nuit et imbibés de vodka, heureusement on ne risque pas de croiser grand monde, et encore moins la maréchaussée…
Panthère des neiges, nous voilà !
« La vodka chinoise, tu la sens passer quand même, continue d’analyser Pierre. Puis après, y’a comme un p’tit retour. »
Les premières étoiles se lèvent dans le désert de Gobi.
« Mais tu vois plus rien ?, me dit Pierre qui me voit griffonner dans mon carnet.
-J’écris à la lumière des étoiles.
-C’est qu’elles sont encore timides. Bon, y’a Jupiter là… »
Le camion démarre. Tournée des grands ducs dans la nuit. Notre herpétologue Terbish cherche un lézard nocturne endémique dont les yeux, la nuit, à la lumière de la torche, sont rouges comme une cigarette allumée, dit-il. Mais on ne le trouve pas et on revient au camp.
Par contre, s’il y en a une dont on a la coche, c’est la tique « géante » du désert de Gobi ! Une d’elles a essayé de me mordre le crâne, j’en ai trouvée une autre cavalant derrière mon oreille, une sur mon bras, et Philippe doit en être à sa cinquième.
INSOMNIE !
Je ne peux pas dormir avec toutes ces tiques énormes et hyper agressives qui cherchent à me mordre ! Sans compter que le vent s’est levé et que la tente claque plus que jamais. Dire que je pourrais être en Bretagne, à faire un bon gros dodo ! Je comprends pourquoi il leur faut de la vodka, aux Mongols.
Terbish m’a dit : « mais un verre c’est rien. Trois verres, c’est normal, et cinq verres, c’est bien. »
Ben là, présentement, avec les tiques, j’en reprendrais bien un verre !
Je veux bien endurer les taons, les moustiques, la crasse, dormir sur des cailloux et avoir mal partout, boire et manger les mixtures mongoles et être seuls sans aucune assistance possible dans le fond du fond du Gobi A, mais les tiques, ça non !!! Je fais grève. Furax dans la tente, la lampe frontale allumée, je guette l’ennemi, prête à lutter jusqu’à l’aurore.
Septième jour. Vendredi 24 juin.
« J’angoisse tellement, j’ai envie de vomir », nous dit ce matin l'un de nos compagnons de voyage…
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