Expédition dans le désert de Gobi, épisode 15
Carnet de voyage d’Élise Mazaalai karshan emegtei
Je fais de grands signes à Terbish et à Pierre, qui sont resté sur la colline d’à côté. « Come ! Venez ! Il a quelque chose ! »
« Un ours ! crie Philippe, j’ai un ours !!! Vite, regarde, c’est loin ! ...A côté de la colline, dans la plaine ! »
Je colle mon œil à la longue-vue. Il est là ! L’ours de Gobi, qui marche au loin.
« A bear ! A Gobi bear ! », crie Philippe à Terbish, qui arrive en courant.
L’ours passe derrière la colline, Terbish et Pierre n’ont pas eu le temps de le voir. L’excitation est à son comble. « Il va sûrement ressortir », dis-je. « Oui, répond Philippe en bougeant sa longue-vue, il devrait ressortir de l’autre côté. Attendons quelques instants… Là ! Le voilà ! »
Il passe la longue-vue à Pierre, puis à Terbish.
« On n’a que quelques secondes chacun, vite. Allez Elise, encore à ton tour ! »
L’ours marche très vite. « Il court maintenant ! », dit Pierre quand il le regarde.
On a le temps de l’observer deux fois chacun, avant qu’il ne disparaisse. Je saute de joie ! Pierre m’embrasse sur les joues. Terbish exulte. On saute en haut de la colline, comme des fous, on se congratule. On a vu l’ours de Gobi ! L’ours de Gobi ! Incroyable !
Un ours qui vit dans l’un des pires déserts du monde.
Comparaison de mon croquis fait la nuit, au retour, de mémoire, sous ma tente, et de la photo du lieu exact de l'obs faite le lendemain matin, à meilleure lumière. C'était loin, mais c'était bon !! (et merci la longue-vue !)
C’est un sentiment prodigieux. Hourrah, hourrah ! L’obs était lointaine, crépusculaire, et rapide, et il a fallu se partager la longue-vue à quatre, mais on l’a vu, magnifique dans son milieu minéral, et c’était tellement inespéré… On était déjà tellement content de l’avoir simplement pisté !
Peu de gens au monde ont vu l’ours de Gobi, explique Terbish, peu de Mongols, encore moins d’étrangers… Vive les Crazy french people, nous dit-il en riant.
Sifflements étranges dans le désert
Mais maintenant, il faut se dépêcher de rentrer au camp, car le temps de faire nos bonds de joie sur la colline, il fait déjà quasiment nuit.
Nous dévalons la pente caillouteuse, avançons dans l’ambiance minérale qui se teinte d’ombres, quand soudain, nous entendons un sifflement dans notre dos.
Nous nous retournons. Rien.
Nous sifflons à notre tour. Rien.
Le silence.
Mi-figue mi-raisin, on reprend notre route. « Qu’est-ce que c’était ? »
Nouveau sifflement. On répond à nouveau. Mais personne ne répond.
C’est étrange. Quelques instants passent, plus rien.
On reprend notre chemin.
La nuit se densifie.
Et encore une fois : nouveau sifflement.
Suite au prochain épisode.