La selle Camargue : un artisanat lié à une race à petits effectifs
La biodiversité domestique, complètement liée à l’homme, s’associe à des produits du terroir et à un artisanat local. Encourager cet artisanat contribue à la protection de cette biodiversité.
Le superbe coq de pêche du Limousin offre quelques-unes de ses plumes (épilées chaque année) pour la préparation d’appâts pour la pêche à la truite (mouches de pêche).
Les vaches, les brebis et les chèvres produisent les nombreux fromages de terroir (bleu de Sassenages, Bethmale, Roquefort…).
Et en France, nos jolis petits chevaux Camargue sont associés à un harnachement très particulier, et très ancien (XIIIe siècle), dont quelques excellents selliers perpétuent la tradition.
Le lasso des gardians, c’est le seden, une corde tressée à partir du crin de jument. Il sert aussi de licol.
Tapis de selle aux motifs traditionnels (jument camargue).
Le mors Camargue n’est, selon les Camarguais eux-mêmes, pas à mettre entre toutes les mains (car mal utilisé, il est très dur pour la bouche du cheval). La selle traditionnelle gardianne au contraire convient à tous : le débutant comme le gardian le plus aguerri. Elle se caractérise par son troussequin et son pommeau hauts, qui maintiennent bien le cavalier.
C’est avant tout une selle de travail, conçue pour passer des heures dans le bétail et les marais, et franchir toutes les difficultés possibles.
Complètement adaptée au cheval Camargue, elle reste utilisée par les gardians dans toutes leurs activités.
Faite à la main par des artisans, elle a un coût (compter plus de 2000 euros) mais elle s’utilise une vie entière et peut se transmettre à ses enfants (s’ils sont cavaliers !). Elle peut bien sûr s’adapter à d’autres races que le Camargue.

Selle gardianne traditionnelle, sellerie Pujolas (30132 Caissargues)
Pour les cavaliers n’habitant pas en Camargue, il faudra faire preuve d’un peu de pédagogie envers ceux, qui, en plus de nous questionner sur le « poney blanc », un peu hirsute il est vrai, qui nous sert de monture, ne manqueront pas de s’étonner devant cette selle pas commune.
Elle n’est pourtant qu’une facette de la diversité équestre mais aussi de l’histoire de notre pays. En 2012, la Confrérie des gardians fêtera ses... 500 ans.