Le mouton avranchin, la chèvre des fossés et la brebis brigasque récompensés
La fondation du patrimoine vient de décerner son prix national pour l'agro-biodiversité animale. Ovins et caprins sortent largement vainqueurs.
Depuis 2012, la Fondation du patrimoine décerne un prix en faveur des projets qui favorisent la biodiversité domestique, et notamment les races à petits effectifs, dans une démarche de valorisation économique de la race. Ce prix, sous le haut patronage du ministère de l’Agriculture, était dotée en 2013 d’une somme globale de 20 000 €.
Les trois prix du cru « 2013 » sont allés, dans l’ordre, au mouton avranchin, à la chèvre des fossés et à la brebis brigasque.
Premier prix – le mouton avranchin.
C’est Matthieu Pires, éleveur de moutons avranchins de la ferme de Milgoulle (en Bretagne) qui l’a emporté. Ce jeune éleveur valorise cette race dans son territoire grâce à un projet original et dynamique de « fermes mobiles », c’est-à-dire qu’il loue des terres et fait ainsi tourner ses moutons sur celles-ci au gré des conventions passées. Cette race, l’une des meilleures en France, est aujourd’hui en grande difficulté. L’Avranchin est une race issue de croisements entre les moutons du pays Cotentin et des béliers de diverses races anglaises (Dishley, Leicester et Kent, puis Southdown). On la trouve principalement dans le sud de la Manche, son berceau d’origine, autour d’Avranches et de la baie du Mont saint-Michel. Sa viande est caractérisée par l'absence de dépôt de graisse et une saveur particulièrement fine.
On cherche actuellement à maintenir la variabilité génétique pour éviter tout «goulot d’étranglement ». Environ 220 brebis sont soumises au contrôle de performances.
Matthieu Pires, 1er prix du concours

Avranchin typique dans les années 1970 (photo Serge Chevallier)

Avranchin au Salon de l'agriculture en 2012

Moutons avranchins de l'élevage de Matthieu Pires
Deuxième prix – la chèvre des fossés
Ce prix est revenu à L’association de sauvegarde et de promotion de la chèvre des Fossés (Bretagne) qui promeut non seulement la race, mais favorise l’éco-pâturage et accorde une grande importance à la gestion de cette race dans les espaces naturels.
Appelée aussi commune de l’Ouest, chèvre de l’Ouest, chèvre des talus, cette race, comme son nom l’indique est originaire de Bretagne et de Normandie. C’est à partir d’un troupeau féral (c’est-à-dire plus ou moins retourné à l’état sauvage) qui vivait au cap de la Hague que cette race a été reconstituée. Autrefois très commune, elle a régressé au cours du XXe siècle, si bien qu’en 2000, on ne recensait plus que 35 boucs et 80 chèvres. Aujourd’hui, et grâce notamment à l’association de sauvegarde, l’effectif est d’environ 1 000 animaux.

Une partie du troupeaude l'écomusée de Rennes en charge de l'association de sauvegarde
cette race.

Bouc de l'écomusée du Rennes.

Rien ne rebute une chèvre des fossés (photo Roland Gaillard)
Troisième prix - la brebis brigasque
En récompensant l’association de sauvegarde des éleveurs de brebis brigasques, le jury du prix honore tout d’abord un travail de valorisation original et diversifié : le lait et la laine. Mais ce qui est intéressant aussi, c’est que la sauvegarde de cette race participe au maintien d’un tissu social et économique dans un territoire difficile. En effet, il est bien possible que cette race ovine soit aujourd’hui la plus menacée sur le territoire français avec guère plus de 1 000 brebis. Elle est originaire de la haute vallée de la Roya, non loin de la frontière italienne. Elle est issue de plusieurs croisements entre une population locale (« petite Brigasque ») et animaux italiens.
Aujourd’hui, elle est confinée dans l’est du département des Alpes-Maritimes, singulièrement dans les cantons de Tende et de La Brigue (d’où son nom). On la trouve également en Italie voisine (Brigasca), où elle est un peu plus répandue.

Troupeau de brigasques (photo APPAM)
Brebis brigasques (photo Associaiton des éléveurs de brebis brigasques)
Bel exemple d'animal. A noter le profil très busqué
(photo Associaiton des éléveurs de brebis brigasques)
(photo Associaiton des éléveurs de brebis brigasques)
Cette race est particulièremenr bien adaptée aux étés chauds et secs et et aux hivers enneigés
(photo Associaiton des éléveurs de brebis brigasques)
Les prix seront décernés le jeudi 27 février 2014 à 18h au Salon de l’agriculture, Stand du ministère de l’agriculture (pavillon 4 – stand E102) à Paris, porte de Versailles.