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Le premier chien berger d’Auvergne… breton !

Publié le par lesbiodiversitaires

Le premier chien berger d’Auvergne… breton !

La prochaine assemblée générale de l’association de sauvegarde du chien berger d'Auvergne aura lieu le samedi 25 avril à 13h30 - 14h00 à la salle de la mairie de Védrines-Saint-Loup dans le Cantal. Merci aux personnes intéressées d'avertir Emilie de leur présence (via le site ou la page Facebook de l'association).

En attendant, voici le premier berger d'Auvergne breton !
Si les autres chiots bergers d’Auvergne sont partis dans des familles auvergnates, Jaska, né le 8 octobre dernier, a été adopté par une famille bretonne suite à l'article présentant les chiots. Petit, Jaska c’était lui :

Le premier chien berger d’Auvergne… breton !

Il a une robe avec beaucoup de blanc, qui évoque les robes « pie » des chevaux (ça tombe bien, Nathanaëlle, sa jeune maîtresse, est cavalière !). Il est aussi porteur du gène merle, qui s’exprime légèrement sur les parties fauves de son pelage. Ça a été toute une histoire pour ses nouveaux maîtres d’aller le chercher dans le Cantal, pendant les vacances de Noël… sous la neige !

Le voici à 3 mois :

Le premier chien berger d’Auvergne… breton !Le premier chien berger d’Auvergne… breton !
Le premier chien berger d’Auvergne… breton !

En une semaine, il avait déjà appris à s’assoir, revenir près de ses maîtres. Doux, intelligent, amical, il est très attentif, très à l’écoute, en bon chien de berger ! Chiot, il est déjà plus concentré que certains chiens adultes. Ce qui ne l’empêche pas de faire aussi beaucoup le fou, car il est tout jeune.
L’anecdote amusante, en arrivant en Bretagne… il avait chaud ! Il lui a fallu quelques jours pour s’acclimater. Eh oui, c’est qu’il fait beaucoup plus doux dans le Morbihan que dans les montagnes auvergnates.
Des galettes à la place de l’aligot, ça se vaut, du moment qu’il y ait la saucisse ! Degemer mat !

Le premier chien berger d’Auvergne… breton !
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Une espèce de pika retrouvée en Chine

Publié le par lesbiodiversitaires

Photo : Li Weidong

Photo : Li Weidong

Connaissez-vous les pikas ? Ces animaux tellement mignons que c’en est comique. En Chine, l’un d’eux, en voie d'extinction et rarement observé, a été retrouvé, le pika d'ili, Ochotona iliensis. Quelle trombine ahurissante !

Article ici

Et voici un florilège de pikas de Pallas, Ochotana pallasi, que nous avons observés et photographiés en Mongolie.
Ces petits mammifères lagomorphes sont à la fois très froussards et assez effrontés !

Une espèce de pika retrouvée en Chine
Une espèce de pika retrouvée en ChineUne espèce de pika retrouvée en Chine
Une espèce de pika retrouvée en Chine

Publié dans Biodiversité sauvage

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Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Publié le par lesbiodiversitaires

Mas de la Cure. 13, 14 et 15 février 2015. Des dizaines de chevaux blancs. Des gardians. Des vaches noires. Une atmosphère plus agricole qu’équestre, une ambiance de tri du bétail. C’est Camagri, la fête annuelle du cheval camargue, hors saison touristique, où les meilleurs gardians se retrouvent pour s’affronter, trier les vaches, présenter leurs plus beaux chevaux, discuter et rigoler.

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Que le cheval camargue soit encore une race à petits effectifs reste un mystère. Comment ce joli cheval blanc, aux formes rondes, à la croupe rebondie, à la crinière sauvage, au regard noir expressif et coquin, qui cumule tout un tas de qualités, ne suscite pas plus d’engouement à travers la France ? Et comment se fait-il que nos cow-boys locaux, nos gauchos maison, nos vaqueros à domicile, bref, nos gardiens de vaches et de taureaux français, les gardians de Camargue, ne soient-ils pas davantage connus ?

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs
Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Il faut dire que le cavalier comme son cheval sont un poil sauvageons, pas dans les normes équestres habituelles ! Il faut se rendre au cœur de la Camargue pour les rencontrer. Et c’est ce qui les rend si beaux.

Le cheval camargue est un petit bijou, non seulement au niveau français, mais aussi à l’échelle mondiale. L’une des plus anciennes races, l’une des plus rustiques, résistantes, l’une de celles qui vivent le plus vieux, et l’une des meilleures races d’équitation de travail (tri du bétail). Un cheval complètement polyvalent, capable de s’exprimer dans toutes sortes de disciplines, et au caractère très attachant, à la fois très calme et très fougueux.

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Une sorte d’équivalent « cheval » des chiens de berger, possédant le « sens du bétail ». En osmose avec son cavalier quand il s’agit de trier les vaches (attention, même si les taureaux de race raço du biou sont noirs, tout cela n’a rien à voir avec la tauromachie : les gardians sont simplement des gardiens de vaches, l’équivalent des cows-boys nord-américains).

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs
Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

A Camagri, les chevaux présentés vivent tous en liberté dans les marais, dans de vastes pâturages et en troupeau. C’est le mode de vie traditionnel du cheval camargue, inscrit dans les règlements même de l’élevage en manade. Certes l’animal est utilisé régulièrement pour le travail, parfois indispensable, encore aujourd’hui, pour accéder à certaines zones marécageuses de Camargue, mais sa vie est tellement plus enviable que celle d’une majorité de chevaux que les cavaliers qui jugent les gardians trop « rudes » feraient bien de venir faire un tour par ici (attention, il ne faut pas confondre les vrais gardians ni les bons accompagnateurs de tourisme équestre avec certains baladeurs de touristes estivaux !)… Des chevaux au regard pétillant de vie, pleins d’énergie, ceux qui attendent en demande de contacts avec le visiteur, voulant amicalement toucher l’humain du bout du nez… Curieux, attentifs, décontractés…

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs
Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Des gardians qui caressent l’encolure de leur cheval, jouent avec les crins. Rude, rude, sûrement un peu, mais pensez-vous vraiment que ces hommes pourraient aller trier des vaches (aussi vives en plus que les raço di biou) sans une vraie complicité avec leur animal ? S’ils braquaient leur cheval ? Le gardian a besoin des capacités d’anticipation de son cheval, de son extrême bonne volonté, de sa coopération totale. Tout simplement, parce que sans cela, impossible de trier des vaches, sans même parler du danger que cela représenterait d’aller dans les taureaux avec un cheval qui ne soit pas dans une confiance absolue envers son cavalier.

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Les gardians, nos cow-boys français, sont le seul peuple cavalier de notre pays, et l’un des rares d’Europe, détenteurs d’une tradition équestre extrêmement intéressante. Et à Camagri, ce qui se dégage le plus des chevaux comme des hommes, c’est la sérénité. Mais aussi, la beauté. Celle des chevaux, mais aussi celle des cavaliers, de leur harnachement ancien, et d’une certaine façon de voir les choses, très terrienne, très ancrée dans le moment présent. Ils ont encore des sedens tressés en crins de juments. Ils portent chapeau, et ce qui leur plait plus que tout, c’est montrer qu’ils savent garder les bêtes comme il faut, au vent, dans les marais. Les femmes se font des chignons bas, de longues tresses, et désormais dans les concours trient les vaches avec eux, calmes, rigoureuses, précises. Le monde des gardians évolue, intègre petit à petit les innovations équestres, s’ouvre de plus en plus. C’est une tradition en mouvement, bien vivante.

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs
Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Gardians et chevaux camargues ne sont certes pas à la mode. Ils ne sont pas dans les normes équestres, ne correspondent à rien, auraient sans doute plus de choses à raconter à un cavalier mongol gardant ses chèvres dans la steppe qu’à un cavalier de saut d’obstacles d’ici. C’est ainsi.

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Ils seront toujours à part, oubliés du reste du monde dans leurs marais venteux. Et éminemment poétiques. Blancs chevaux sur taureaux noirs.

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Aux épreuves internationales de tri du bétail, ils se font régulièrement remarquer. Personne n’en parle, personne ne le sait. Ils sont méconnus chez nous. Cantonnés souvent à une image touristique, presque toujours déformée. Ils font pourtant partie, à l’échelle mondiale, des derniers peuples cavaliers.

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs
Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs
Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

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Deux camargues et un livre
Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs
Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs

Le camargue est une race très polyvalente, parfaite pour un usage de loisir.
La preuve par l'image !
A l'occasion de la sortie ePub du guide Tous les chevaux du monde, cette vidéo de présentation du livre montre aussi Oasis, jument camargue, qui à défaut de trier des vaches a appris à être montée en cordelette, sans filet.
Même sur la plage avec du monde, un cerf-volant pas loin, un caméraman, elle reste concentrée et décontractée... Le camargue s'illustre vraiment par ce mental fort de cheval de tri du bétail, qu'on n'impressionne pas comme ça.
On aperçoit aussi sa fille Umkhumbi, camargue également, encore très grise.
Elles ont le caractère camargue : calmes et fougueuses, sensibles et courageuses à la fois, avec une personnalité affirmée.

Aujourd'hui le camargue est encore une race à petits effectifs, trop rare. Il faut en soutenir l'élevage !

En plus :
Le Bestiaire, sur France Inter, a également consacré une émission au cheval camargue.

Gardians de Camargue, peuple cavalier et chevaux blancs
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Remise de prix pour l'Agro-biodiversité au salon de l'Agriculture : cuvée 2015

Publié le par lesbiodiversitaires

Jeudi 26 février 2015, la Fondation du patrimoine a remis son prix pour l'Agro-biodiversité animale aux trois lauréats de cette année 2015. La cérémonie s'est tenue au salon de l'Agriculture en présence de François-Xavier Bieuville, directeur général de la Fondation et Arnaud Bourgeois, vice-président de Céva Santé Animale - mécène de ce prix. Les Biodiversaires (PJD est membre du jury) y étaient.

Premier prix (10 000 €) – Gilles et Geneviève Delas, éleveurs de vaches Béarnaises.

Installés à Herrère, Pyrénées-Atlantiques, ces jeunes éleveurs motivés et passionnés entendent pérenniser cette race par leur projet de revalorisation et de promotion de la viande, et plus particulièrement pour celle du veau de lait élevé au pis, qui possède de grandes qualités gustatives. De 300 000 bêtes recensées au début du 20e siècle, on est passé aujourd’hui à 250 aujourd’hui. Autant dire qu’il y a urgence à sauvegarder cette race, dont les animaux se caractérisent par des cornes impressionnantes. Le bœuf était autrefois largement employé pour le travail.

                            Gilles et ses boeufs Béarnais

Gilles et ses boeufs Béarnais

Vache Béarnaise et son veau en montagne

Vache Béarnaise et son veau en montagne

Deuxième prix (6 000 €) - Association nationale de sauvegarde du porc gascon (Pyrénées-Atlantiques).

Le jury a relevé l’urgence de la préservation génétique de cet animal. Le projet de l’association symbolise l’espoir de la création nouvelle d’une filière de grande qualité, qui pourrait avoir un effet d’entraînement vis-à-vis d’autres races. Il est centré autour des enjeux de prophylaxie et de variabilité génétique, indispensables à la pérennité de la race gasconne.

La filière du porc gascon souhaite développer des produits plutôt haut de gamme, grâce à la viande de cette race appartenant au rameau des porcs ibériques, capables de fournir une viande remarquable. Aujourd’hui, plusieurs grands chefs ont, à leur table, de la viande de porc gascon.

En 2011, on compte un peu plus de 1 100 reproducteurs.

Truie Gasconne et ses porcelets (photo R. Ribereau-Gayon)

Truie Gasconne et ses porcelets (photo R. Ribereau-Gayon)

Troisième prix (4 000 €) - Conservatoire des Races d’Aquitaine pour son projet de sauvegarde, valorisation et développement du poney landais (Gironde).

Il s’agit d’une race très ancienne, l’une des dernières races de poney français de souche. Elle est fortement menacée du fait de la perte de variabilité génétique liée à la faible mise à la reproduction des juments. L’enjeu de la diversité génétique est prépondérant au sein des 41 élevages de poney landais recensés en France. Le projet du conservatoire vise à faire collaborer et accompagner l’ensemble des acteurs autour d’un projet collectif de valorisation de la race.

Cette race équine n'a jamais été extrêmement répandue. Au début du XIXe siècle, on comptait environ 2 000 chevaux. Il ne restait que 150 individus en 1945. Le stud-book fut ouvert en 1967.

 Poneys landais

Poneys landais

Remise des prix aux gagnants

Remise des prix aux gagnants

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Le land-art de la taupe

Publié le par lesbiodiversitaires

On connaissait le land-art de Séb Provost, mais à Erdeven une taupe a décidé de lui faire concurrence. En images.

La taupe : 135 mottes bien alignées le long de la route !

Le land-art de la taupe

Séb, lui aussi fait des lignes et des monticules :

Le land-art de la taupe

La taupe, elle s’est donnée du mal quand même :

Le land-art de la taupe

Mais Séb aussi

Le land-art de la taupe

Ouais mais la taupe elle sait pas aligner des cailloux. Première manche remportée par Séb !

Le land-art de la taupe

Bravo les artistes !

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C'est le bazar (suite et fin)

Publié le par lesbiodiversitaires

Chers lecteurs,
 
Après une mise à jour imposée par Overblog, nous avons pas mal galéré, mais voilà, le blog est à peu près remis d’aplomb…
C’est loin d’être parfait et on a dû éliminer une bonne partie des articles, ça aurait été trop long de tout remettre en page. On a gardé les articles descriptifs sur les races.
Donc beaucoup d’infos et d’images perdues, mais l’essentiel y est. Désolé pour ces désagréments.
On essaie de vous donner rapidement des nouvelles des chiens berger d’Auvergne, car il y a du neuf chez la dernière population canine redécouverte en France et que l’on essaie de sauver à quelques-uns !
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Tout pour ma poule, le retour (nouvelle édition) et Tout pour mon chat

Publié le par lesbiodiversitaires

Nouvelle édition de Tout pour ma poule 

  

Cot cot ! La voici fraîchTout pour ma poule - Elise Rousseaue pondue, toute chaude dans la paille, la nouvelle édition de  Tout pour ma poule !  

Après près de 20 000 exemplaires vendus (première sortie en 2012), il fallait bien ajouter quelques petits compléments. Merci encore chers lecteurs pour vos encouragements !

 

Dans cette nouvelle édition, il y a deux nouveaux chapitres : « le kung-fu des poules » (ceux qui ont déjà vu des poules se crêper le chignon comprendront…)

Et « lubies de poules ».

 

  

A la demande de certains lecteurs, il manquait aussi une planche dessinée de quelques races. Vous l’aurez voulu, il y en a désormais une…

 

En espérantSans titre-10 - Copie (3) que ce livre continue de contribuer à faire évoluer le regard que nous portons sur nos cocottes, et de vous convaincre qu’on ne peut pas vivre sans poules. Du moins pour ceux qui ont envie de rire tous les jours de leur vie ! Avec elles, impossible de se lasser, elles inventent toujours un gag nouveau. Ici, leur lubie du moment : sortir du poulailler comme des furies en courant en zigzag, en battant des ailes et en poussant un petit cri guerrier. Popotte se fend même d’un petit décollage extravagant, mais son arrière-train la ramène vite à la réalité, c’est-à-dire au sol. Elles sont folles !  

 

   

 

Tout pour mon chat, Delachaux et Niestlé, de Mireille Mirej, dessins et photos Elise Rousseau, est sorti !

 

tout-pour-mon-chat-l-accueillir-le-choyer-le-soigner-de-eliMireille Mirej, écrivain équestre connue pour sa série des Clara chez Flammarion, mais aussi grande amatrice de félidés, livre sa vision des chats et des astuces pour s’occuper au mieux des mistigris en tous genre. Ceci, tout en restant dans l’univers créé pour Tout pour ma poule, l’auteur des dessins et des photos demeurant inchangée. 

 

Guide pratique et humoristique tout à la fois, et lucide sur la nécessité de tenir son chat à l’œil (voir article  Trop de chats, un problème pour la biodiversité), il devrait plaire aux amis de Raminagrobis et même à ses ennemis (le seul chapitre non écrit par Mireille - qui les aime sincèrement - mais par votre biodiversitaire étant intitulé : "J'aime pas les chats mais je me soigne" ! Et il faut l'admettre après avoir passé beaucoup de temps avec eux : certains chats peuvent être sympathiques, quand ils arrêtent de se prendre pour des tigres miniatures et de becter les mésanges !). Miaou !  

 

    diabolique   

Même après ce livre, ça me défrisera toujours que des gens trouvent qu’un chat, c’est « mignooon ».  

C’est plutôt flippant non ? Bon, vue de près, une poule c’est pas mal non plus

Un article sur le livre sur TV5 Monde : Chat alors !

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Les origines de la vache normande

Publié le par lesbiodiversitaires

La race bovine normande est bien connue de tous, tant elle est liée, emblématiquement, aux vergers en fleurs de la Normandie. Au-delà de l’image d’Epinal ou de la carte postale, cette race a connu un essor considérable pour se trouver, au cours de ces dernières décennies, dans une position plus difficile. Mais, au fait, d’où vient la Normande ?
 
La race Normande est née de la fusion de plusieurs races ou populations bovines qui vivaient en Normandie. La plus connue (et la plus importante) est sans contexte la Cotentine, qui s’est d’ailleurs confondue avec la Normande au début du XXe siècle. Mais deux autres races ont joué un rôle secondaire : l’Augeronne et la Cauchoise. Il y a eu également la Brayonne, qui était davantage une simple population.
 
La Cotentine, maîtresse vache
La race Cotentine occupe au cours du XIXe siècle la péninsule du Cotentin d’où vient son nom.  Son origine est mal connue : il y avait au XVIIIe siècle la grande et la petite « race » Normande dont elle est sans doute issue. La petite variété, selon les textes anciens, ressemblait par sa taille et sa conformation à la Jersiaise. D’ailleurs il est possible que l’actuelle Normande, par sa génétique, soit plus proche de la Jersiaise que des autres races françaises.
La robe de la Cotentine est typiquement bringée, c’est-à-dire que sur la robe de couleur brun-rouge,  on note la présence de bandes parallèles noires appelées "bringeures". Celles-ci parfois rapprochées au point de faire apparaître la robe presque noire (il y avait d’ailleurs, jusque vers les années 1850, des animaux à robe noire). Le brun-rouge peut être plus pâle - rouge clair, blond ou froment. Le pelage est plus ou moins envahi de blanc, surtout sur les côtés du ventre, du tronc et de la tête, comme celui que l’on retrouve chez l’actuelle Normande. Cependant, il est probable que, jusqu’au tournant du XXe siècle, il y avait pas mal d’animaux à la robe très couverte (avec peu de blanc). D’autre avait une robe panachée, assez claire, qui rappelle celle de la Montbéliarde.
 
          photo-1.jpg
Représentation de la Cotentine vers 1850. On note une robe très couverte, presque unie mais aussi bringée. Le blanc
n'est présent que sur la tête, le bas ventre et les membres
 
         Cotentine---vache---CR-Rouen-1855.jpg
   Vache de race Cotentine, primée à Rouen en 1855. Robe très couverte avec peu de blanc
 
Quelques exemples de vaches de race Cotentine :
                   BB---Cotentine---027.jpg
       Noter la tête allongée, la haute stature, les cornes relevées (vers 1900)
 
           Cotentine---type---vache---Grand-Prix-Paris-1899---FD-ENV-M
  Vache Cotentine primée à Paris en 1899  
 
             Cotentine---vache---debut-du-XXe-siecle.jpg
                      Belle vache Cotentine du début du XXe siècle. Noter le cornage relevé là encore
 
Dès les années 1770, les éleveurs pratiquent des croisements avec l’Augeronne, la race voisine (voir ci-dessous), ce qui a pour conséquence un pelage plus pie-rouge (avec plus de blanc). Les animaux sont connus pour leur grande taille – il y a eu le fameux bœuf cotentin de 2m présenté à Paris en 1845.
 
               BB---Cotentine---028.jpg
                           Type de boeuf Cotentin (poids 1 038 kg) primé au concours général de Paris en 1900
 
Au fur et à mesure que nait la race Normande, celle-ci s’émancipe du Cotentin. On la rencontre dans une bonne partie de la Normandie (haute et basse) et jusqu’à l’Ile-de-France.
 
L’Augeronne, d’origine batave
A côté de la Cotentine, on rencontre une autre vache dans les prairies du Calvados, de l’Orne et de l’Eure. Cette race semble avoir une origine différente de la Cotentine, et serait peut-être proche de races anciennes d’Ecosse (Kiloe, Highlands). Ce qui est plus probable c’est que vers 1730 on croise ces animaux avec du bétail (probablement pie-rouge) originaire des Pays-Bas. C’est l’Augeronne qui s’engraisse facilement, qui va donner à la Normande sa viande de qualité (la Cotentine étant surtout laitière).
 
               BB---Augeronne---023
                 Vache Augeronne représentée dans un ouvrage de 1860. Noter l'absence de "bringeures" et de "truitures"
 
La robe de l’Augeronne est blanche avec des taches rouges ("truitures") disséminées sur le corps, parfois réunies en plaques, surtout sur les parties antérieures et aux extrémités (membres, oreilles, pourtour des yeux) qui sont bordées de rouge. Elle est rarement bringée.  Elle est  moins haute et moins lourde que la Cotentine. Des tentatives de croisement avec la Durham, à la fin du XIXe siècle, sont rapidement abandonnées. On va, par contre, utiliser des taureaux cotentins en croisement d'amélioration et d'absorption. L'Augeronne sera donc absorbée dans la Cotentine.
 
BB---Augeronne---024.jpg
  Bel exemple de vache Augeronne à la robe "truitée" (début du XXe siècle)
 
Augeronne---vache--au-centre----Donfront-61---1907.jpg
Au début du XXe siècle on trouve encore ça et là des vaches Augeronnes comme celle-ci
sur le champ de foire de Donfront, Orne
 
La Cauchoise, moins connue
Cette population vit dans le Pays de Caux, en Seine-Maritime. Elle est donc en contact avec d’autres races comme la Flamande (et la Picarde, aujourd’hui disparue), mais aussi avec la Cotentine.  Les animaux sont assez grands, mais relativement fins, sans doute du fait de leur parenté, plus ou moins éloignée, avec la variété picarde de la Flamande. La robe pie-bond (le blanc est souvent minoritaire) avec la tête blanche, plus longue que celle de la Cotentine.
 
BB---Cauchoise---017.jpg
Taureau cauchois, primé au concours général de Paris en 1856. Noter la robe très couverte et la tête blanche ainsi que le bas des membres et une partie du ventre
 
La Cauchoise est laitière. Elle est croisée assez régulièrement au XIXe siècle avec la Durham, mais c’est surtout l’introduction de sang cotentin qui va l’améliorer. Celle-ci a lieu à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Une tentative de reconstitution de la race Cauchoise au début du XXe siècle, pour obtenir des individus plus grands et plus lourds que ceux du Cotentin et plus laitiers que ceux de la Basse-Normandie, ne sera pas maintenue. Comme l’Augeronne, la Cauchoise s fond alors dans la Cotentine pour former ce qui est déjà la Normande. Elle disparaît dans les années 1920.
 
Cauchoise---vache---S.jpg
Vache cauchoise de type ancien (années 1920). Noter la robe couverte et la tête allongée,
différente de celle de la Normande actuelle
 
Cauchoise-(vache-de-gauche)---Yport-76---début-du-XXe-siè
Vaches de type Cauchoise, Yport, Seine-Maritime, début du XXe siècle
 
D’autres populations normandes…
Une population bovine existe aussi, au XIXe siècle, dans le Pays de Bray (arrondissement de Neufchâtel), en Seine-Maritime. Ces animaux ressemblent à ceux des races précédentes, mais il y a eu des croisements constants avec la Hollandaise (la future Holstein). C’est une race de taille moyenne à haute, avec une robe à fond blond plus ou moins foncé avec bringeures et plaques blanches plus ou moins étendues. La tête est parfois blanche, avec les yeux et le mufle bordés de poils foncés de la couleur du pelage. Les vaches sont laitières, avec cependant un bon engraissement. Elle aussi fusionnera avec la Cotentine et la Normande.
 
BB---Brayonne---020
Vache de type Brayonne (début du XXe siècle). On remarquera la proximité de robe et de conformation avec la Cauchoise
 
Brayonne-prob.jpg
Foire aux bestiaux, Forges-les-Eaux, Seine-Maritime. L'animal à l'arrière plan est de type Brayonne (vers 1907)
 
Il existe d’autres variétés locales dont on ne sait pas grand-chose. La Mayennaise, la race à basse corne de la région de la Hague, la variété du Bessin, la race de Merlerault. De même on connait la Beauceronne, mais toutes ne sont que des variétés plus ou moins bien individualisées des races plus importantes de Normandie. Enfin, au début du XIXe siècle existait  dans le Perche une variété de la Normande appelée ‘’Percheronne’’. Elle aurait contribué, avec la Mancelle et, surtout la Durham, à la naissance de l’actuelle Saosnoise dont une variété de robe est appelée « percheronne ».
 
BB--Percheronne---021.jpg
Taureau de type Percheron (début du XXe siècle). Le bas des membres est souvent coloré
 
Normande---vache---Expo-Univ.jpg
Vache Normande photographiée en 1856 (!) à l'occasion de l'exposition universelle de Paris. La robe est
celle d'une Montbéliarde actuelle !
Normande-origine-a-mettre-avec-Cotentine---.jpg
Tableau récapitulatif montrant les différentes composantes ayant abouti à la création de la race Normande
(l'épaisseur des traits est proportionnel à l'influence de chaque race ou population bovine)
 
Et aujourd’hui
De toutes ces races et variétés, il ne reste plus que la normande, issue principalement de la Cotentine. Cette vache a eu une très forte influence au cours du XXe siècle, grâce à sa double vocation, laitière surtout, mais aussi sa viande, fine et persillée. C’est la Normande qui est derrière de fameux fromage comme le livarot, le pont-l’évêque et, bien sûr, le camembert. Omniprésente dans une grande moitié nord de la France, ses effectifs atteignent les 3 millions de têtes en 1943 et même 5,7 millions en 1972. Ensuite, ceux-ci diminuent fortement devant la poussée de la Frisonne puis de l’Holstein. En 1984, les chiffres redescendent à 3 millions de têtes, dont 1,5 millions de vaches. Au début des années 2010 l’effectif de ces dernière de se situe autour de 463 000 (et 2 millions de têtes)… Cependant, la normande s’exporte bien, comme en Amérique du sud, par exemple, où elle est très présente en Colombie, en Uruguay, au Brésil. On la trouve aussi aux Etats-Unis et, plus près de nous, il y a un troupeau important en Belgique.
Normande---vache-1---Ploemel-56---2011.07.jpg
Normande---vache---M.jpg
Deux exemples de Normande actuelle
 
 La Normande, un peu malmenée en France, résiste plutôt bien. Elle le mérite car à côté de ses qualités laitières indéniables, elle fournit une viande de très grosse qualité, appréciée des connaisseurs.
 
jpg-minocqua.jpg
Vache Normande de... compétition (source Normande Genetics)
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Quelques lectures à propos des cultures et de l'intelligence animales

Publié le par lesbiodiversitaires

Les travaux des éthologues, passionnants, restent encore trop confidentiels, peu connus du grand public. Pourtant, ces révolutions dans l’éthologie, avec toutes les implications philosophiques et éthiques qu’elles posent, devraient contribuer à nous faire totalement réviser notre rapport à l'animal.
Pour ceux que cela intéresse, ci-dessous quelques lectures de vulgarisation qui abordent ces questions des cultures ou de l'intelligence animales :    
 
L’école des surL'école des suricatesicates, Michel de Pracontal, « Sciences », Le Seuil.  
 
Un petit livre clair et accessible pour se plonger dans la question des cultures animales. Certains des exemples cités sont déjà connus des lecteurs de Frans de Waal, sur lequel s’appuie régulièrement l’auteur, d’autres sont nouveaux.    
Les preuves s’accumulent sur l’existence de véritables cultures au sein de certaines espèces animales, c’est-à-dire que, dans une même espèce, certaines populations ont acquis des comportements spécifiques qu’ils se transmettent de génération en génération par apprentissage.
L’auteur insiste sur le fait que les preuves de terrain (observations in situ) ne sont pas suffisamment prises en compte, les scientifiques ne jurant que par l’expérimentation en laboratoire (or un animal libre vivant dans son environnement naturel et agissant spontanément n’a pas les mêmes réactions qu’un animal captif dans un environnement humain).
Il insiste aussi sur le fait que beaucoup de scientifiques (longtemps des hommes occidentaux), sous couvert d’objectivité, ont en fait interprété les comportements animaux à travers leurs propres croyances et valeurs. C’est ainsi l’arrivée des éthologues femmes et des éthologues orientaux qui a permis de faire de nouvelles découvertes majeures en éthologie, du fait de schémas mentaux ou culturels différents.
On retrouve dans ce livre les amusants et étonnants bonobos (espèce en danger), dont la sexualité joyeuse choqua tant qu’ils furent longtemps oubliés (censurés !) des études au profit des chimpanzés, moins fantasques, on retrouve les suricates qui enseignent à leurs petits comment chasser le scorpion sans se faire piquer, etc.
On apprend aussi que nos chiens domestiques, tellement sélectionnés pour comprendre l’homme au quart de tour, surpassent les chimpanzés pour interpréter les infimes indications humaines – non pas qu’ils soient plus intelligents, mais parce qu’il y a des millénaires de coopération (et de sélection) entre les deux espèces (tandis que les chimpanzés sont sauvages et instinctivement méfiants envers l’homme). Et plein d’autres choses encore.
 
Un article sur une louve, qui évoque également le sujet
Intéressant aussi, cet article, où Pierre Jouventin, scientifique et éthologue, raconte son expérience avec une louve (dont il a fait un livre), et comment cela a contribué à le faire réfléchir sur les comportements de cette fabuleuse espèce. En espérant que cela ne donne pas des idées à quelques hurluberlus, car comme le souligne ce scientifique, l'expérience reste ultra dangereuse. Pour qui veut un canidé intelligent, un bon chien de berger d'Auvergne fera amplement l'affaire !
 
D'autres lectures pour aller plus loin
Déjà cités sur ce blog, à lire aussi, sur l'intelligence animale et ce qu'elle nous éclaire de nous-mêmes, des livres un peu moins récents, plus approfondis, mais qui restent accessibles à tous et font énormément réfléchir !  
 
L'âge de l'empathie, leçons de la nature pour une société solidaire, Frans de Waal    
Un livre qui explique comment l'empathie est de plus en plus souvent démontrée chez les animaux.
 
le singe en nous20100423Le singe en nous, Frans de Waal  
Un livre dont la lecture a un effet singulier, celui de mettre pas mal d'humour dans nos vies, puisque qu'on voit ensuite les côtés primates de chacun d'entre nous ! La guenon qui sommeille en la boulangère, le gorille mâle qui sommeille - à peine - dans son chef, sans parler des bonobos refoulés !    
 
(ces deux ouvrages sont déjà évoqués sur le blog dans l'article suivant).
 
Un peu plus philosophique mais passionnant et accessible, le livre du paléoanthropologue Pascal Picq : Nouvelle Histoire de l'Homme
Pascal Picq nous amène, à travers l'étude des grands singes, les découvertes en éthologie et quelques questions dérangeantes, à réviser nos certitudes et ce qu'on nous a appris sur l'évolution. Un livre qui prône la réconciliation de l'Homme avec la nature.
 
Pour conclure, rappelons-nous qu'il est bien difficile de savoir ce qu'une autre espèce comprend ou pas (déjà qu'entre humains, ce n'est pas simple !). Chaque animal a l'intelligence nécessaire à sa survie, il existe des formes différentes d'intelligence, puis, qu'est-ce que l'intelligence ? 
Par ailleurs, nous n'avons pas les sens aiguisés de la même façon que les animaux et, de ce fait, pas la même vision du monde : alors en exagérant un peu, pour un chien au flair et à l'ouïe décuplés, ne passons-nous pas parfois pour des Rantanplan à ne rien sentir, ne rien entendre de ce qui lui parait pourtant, à lui, tellement évident (à savoir : un lapin se cache derrière ce fourré, etc.) ? 
L'intelligence animale est encore un domaine où tout reste à découvrir, et c'est un champ d'investigation complexe, pas facile à tester (surtout pour ceux qui étudient les baleines !).
Alors pour finir, une petite citation de Claude Lévi-Strauss, qui concerne les hommes entre eux, mais qui devrait interroger nos certitudes chaque fois qu'on rencontre l'inconnu, humain ou animal :
 
"Les blancs proclamaient que les Indiens étaient des bêtes, les seconds se contentaient de soupçonner les premiers d'être des dieux. A ignorance égale, le dernier procédé était certes plus digne d'hommes."  
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Obsolescence programmée

Publié le par lesbiodiversitaires

On se sentait un peu gelé de la plume, mais Charlie hebdo paru, mais Fabrice Nicolino recommençant à écrire, ça réchauffe.
 
L’obsolescence programmée, vous en avez tous entendu parler.  
Obsolescence : fait de devenir périmé ou de tomber en désuétude  
Programmée : prévue, configurée, organisée  
 
L’obsolescence programmée, à la base, c’est le fait d’inciter les gens à remplacer un appareil qui fonctionne par un autre plus moderne, avec encore plus de possibilités, ou plus à la mode. Mais on est allé plus loin, avec la non-durabilité planifié : c’est-à-dire qu’au moment même de créer le produit, on le conçoit de telle sorte qu’il ne puisse durer trop longtemps, et ce afin de nous en faire racheter un autre. Bien que quelques lois molles tentent d’empêcher ces pratiques, elles continuent d’avoir la vie belle…  
   
Deux exemples vécus en moins d’un an.  
La précédente ayant trépassé avec moult glouglous, achat d’une machine à laver le linge dans une grande enseigne d’électroménager. Discussion avec le vendeur :
« Bonjour, je suis écolo, laquelle serait la moins polluante ? Laquelle serait assez solide pour durer un peu ? »
Coup de bol, le vendeur aussi est un vieil écolo. Il fait une grimace puis finit par murmurer sur un ton de confidence.
« Prenez la moins chère.
- Pardon ?
 - Prenez la moins chère. Dans 5 ans, elles seront toutes grillées, quel que soit le prix. C’est l’obsolescence programmée. Vous n’en trouverez pas une seule qui tienne la route. »
Bien…
 
Autre discussion, quelques mois plus tard. Une radio achetée il y a un an vient de rendre l’âme. Une dizaine de jours, très exactement, après la date de garantie. Un peu fort de café. La défunte crachouilleuse est rapportée chez la grande enseigne d’électroménager d’où elle vient :
« Bonjour. Ce que j’ai à dire, ce n’est pas du tout contre vous en tant que personne, je sais bien que vous n’y êtes pour rien, mais juste si vous avez moyen de faire remonter l’info. Ma radio vient de tomber en panne, 10 jours après la fin de la garantie. Alors voilà, je voulais féliciter votre enseigne pour l’obsolescence programmée. Bravo vraiment parce que là c’est un beau cas d’école. »
A nouveau grimace gênée du vendeur qui semble réfléchir. Puis lui aussi, le voilà qui se penche et dit à voix basse :
« Écoutez… je vous le dis entre nous, parce que vous ne m’agressez pas. Que ce soit ici ou dans n’importe quelle autre enseigne, y’a plus aucun appareil qui dure, c’est fini, ça n’existe plus. C’est conçu pour ne pas durer. Pour faire marcher les ventes. »
Voilà… les vendeurs (rarement au rayon machines à laver d’un grand groupe par passion personnelle) savent qu’ils vendent de la merde et, désormais, ils l’admettent aisément, encore à voix basse et encore avec de petites grimaces, mais au fond totalement outrés eux-mêmes par le système.
     
A notre niveau de technologie, on est plus que jamais capable de construire des frigos, des téléphones, des ordinateurs, etc., d’excellente qualité, et qui durent très longtemps (on se souvient tous des frigos des grands-parents qui duraient trente ans parfois…). Et aujourd’hui, plus que jamais, en cas de panne, on serait capable de réparer tout cela. Pourtant, dans la réalité, toutes nos machines tombent désormais irrémédiablement en panne au bout de quelques années. Et quand on veut les faire réparer, cela n’est pas possible : le coût de la réparation est toujours supérieur à la valeur d’un appareil neuf. Donc on jette, et on change.
Tout cela est voulu, pensé. Des ingénieurs y travaillent : on ne souhaite pas que les appareils durent trop longtemps, cela ne serait pas bon pour les ventes.
C’est l’un des pires scandales écologiques, la moelle d’un système vicié, mais qui est le monstre ? Ces salauds de constructeurs ? Ces fumiers de politiques ? Les vendeurs complices ? Non. Le monstre, c’est le consommateur.
Celui qui veut avoir le dernier Smartphone à la mode, la dernière chaîne hifi, le dernier écran plat, celui qui ne cesse d’enclencher cette fuite en avant, encore, encore, et encore. Qui accepte tout cela sans rien dire ou en y contribuant.
Pour quelques-uns qui subissent, qui ne voudraient que changer leur vieille télé ou leur ordinateur qui a planté, il y a une majorité qui adhère totalement à cette folie, et qui la génère activement.
Pourtant, oui, on peut en partie résister à cela. On peut se contenter d’un certain minimum technologique sans être dans cette course consumériste. On peut être au moins dans un début de sobriété heureuse, même si c’est marginalisant.
L’obsolescence programmée, c’est l’illustration la plus parfaite de notre société de consommation, et de l’argent érigé en valeur ultime.
Ne pas acheter le dernier gadget à la mode, ne pas céder à la pression, ce n’est pas anodin : c’est un pas pour changer le monde. Et si chacun le faisait, notre société serait différente.  
 
Parce que l’obsolescence programmée, c’est aussi sociétal.  
Du haut en bas de la chaîne.
L’obsolescence programmée, et bien programmée, mais cette fois sans le faire exprès, c’est notre société actuelle : course à l’argent, course aux réélections, course au narcissisme, règne du périssable sur tous les plans. Gadgets en bas, gadgets en haut. Une société qui manque de valeurs, de profondeur, de culture, qui passe son temps à se tirer vers le bas. En manque de tout, retour à l’obscurantisme, au fanatisme, qui au moins donnent des réponses. Et l’homme préfèrera toujours des réponses, même stupides, à une absence de réponses. C’est l’absurdité de notre système sociétal qui nous tue. Ce délire consumériste infini dans un monde fini. Un égarement qui nous conduit, Occidentaux, à oppresser le reste du monde et la planète depuis trop longtemps. C’est ce Smartphone, c’est cette machine à café dernière génération, c’est cette télé aux trois cent chaînes, ces vêtements à la mode, c’est tout ce creux et ce vide de sens, l’un des terreaux de la folie. Et l’une des mamelles de tous les fanatismes.
    
Mais sur un plan plus particulier, l’obsolescence programmée, c’est l’individualisme érigé en valeur, l’indifférence ou l’oubli de la politesse comme posture calculée pour se sentir cool, la vie préférée virtuelle et mise en scène que vécue.
C’est ne plus savoir dire bonjour, merci, ne plus prendre la peine de dire pardon quand on sait qu’on a fait de la peine à quelqu’un, c’est mettre trois jours à répondre à un sms sans s’excuser parce qu’on pense que ça donne l’image de quelqu’un de très occupé, c’est ne plus souhaiter la bonne année parce que c’est devenu la norme pour beaucoup de ne plus le faire (alors que c’est bien l’une des rares et dernières traditions pas commerciales : gratuite, solidaire). Tout ça, c’est de l’obsolescence programmée aussi, c’est tout ce foutu monde dans lequel on vit, et qui n’est pas durable, parce que la seule chose de durable, pour nous humains, c’est la façon dont on se traite entre nous, c’est la façon dont on traite les animaux domestiques et sauvages, c’est la façon dont on prend soin de la nature.
Alors certains ont de vraies excuses dans leurs difficultés à exprimer leur humanité, mais la plupart d’entre nous ne le font pas juste par posture, juste par mode, juste pour ne pas vouloir être comme tout le monde (sauf que tout le monde maintenant est comme ça !), et c’est une gangrène. L’individualisme, le virtuel, le superficiel, c’est l’obsolescence programmée. Et vite, que tout cela tombe en panne une bonne fois, pour qu’on réapprenne à construire autre chose !
Pour qu’on réapprenne le durable, le solide, le réparable, sur tous les plans.
  
Nous n’avons pas besoin de Smartphone, d’amis virtuels, de baignoires à bulles, nous avons besoin de sens : d’humanité, de philosophie, de raison, d’amour, d’humour, d’art, de résistance, pour pouvoir contourner la douleur, ne pas la laisser nous étouffer, mais la sublimer vers nos forces créatrices.
 
On peut changer le monde : commençons par changer nous-mêmes… durablement.
 
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