Vivre autrement à la ferme : c’est possible

Publié le par lesbiodiversitaires

Nous poursuivons nos visites dans des exploitations agricoles qui ont fait le choix de promouvoir des races à petits effectifs, de pratiquer le circuit court et, souvent, de le faire dans le cadre de l’agriculture biologique.
Aujourd’hui visites en Bretagne dans les fermes de Kérourinet et du Kleuz.

Karine et Bruno Guérin ont une exploitation à Ploërdut, dans le cœur du Morbihan. Ici, on n’est guère ennuyé par les voisins. Dans ce paysage vallonné, assez boisé, Karine et Bruno ont fait le choix de conduire une exploitation sur une vingtaine d’hectares, en bio, centrée sur l’élevage de la chèvre des fossés.
La chèvre des fossés est une race à petits effectifs. Autrefois présente dans une grande partie de l’ouest de la France, cette race rustique ne compte aujourd’hui qu’un peu plus de 730 femelles. Ici, 65 chèvres vivent en pleine nature, broutant les légumineuses qui parsèment la prairie que nous visitons.

Une partie du troupeau.

Une partie du troupeau.

Vivre autrement à la ferme : c’est possible
Vivre autrement à la ferme : c’est possible

Les animaux sont splendides. Le poil est brillant et les pis gonflés de lait. C’est un superbe troupeau, où l’immense majorité des femelles sont cornues. Ce qui frappe également, c’est la diversité (et la beauté) des robes. Karine et Bruno ont choisi de maintenir cette diversité et l’on retrouve des robes particulièrement rares comme la « mantelée inversée ». Parmi les robes, on retrouve celle des chèvres des fossés « historiques », c’est-à-dire celles qui peuplait les environs du cap de la Hague, dans le Cotentin, et dont un troupeau quasiment sauvage a subsisté pendant longtemps en complète liberté. Ce troupeau, redécouvert en 1989, a permis à la race de se reconstituer, car elle était au bord de l’extinction, fortement concurrencée par la chèvre alpine.

Chez les éleveurs de races à petits effectifs, les animaux, bien traités, sont souvent très amicaux envers l'homme. Comme en témoignent ces chèvres qui ne manifestent que de la sympathie pour des inconnus découverts quelques minutes plus tôt. Chez les éleveurs de races à petits effectifs, les animaux, bien traités, sont souvent très amicaux envers l'homme. Comme en témoignent ces chèvres qui ne manifestent que de la sympathie pour des inconnus découverts quelques minutes plus tôt.

Chez les éleveurs de races à petits effectifs, les animaux, bien traités, sont souvent très amicaux envers l'homme. Comme en témoignent ces chèvres qui ne manifestent que de la sympathie pour des inconnus découverts quelques minutes plus tôt.

Un jeune bouc s’occupe de tout ce petit monde. Karine, ingénieur agronome recyclée dans l’élevage, gère la fromagerie et produit des fromages de très grande qualité. C’est un plaisir de goûter ses fromages bio et l’on ne peut qu’inciter les personnes de la région à le faire.

Vivre autrement à la ferme : c’est possible
Vivre autrement à la ferme : c’est possible

A côté des chèvres, le couple Guérin élève un petit troupeau de vaches laitières où l’on trouve des bretonnes pie-noir, quelques froment du Léon, des jersiaise (croisées) et une superbe vache canadienne, issue des meilleures lignées, apportées voici plus de 20 ans du Québec, par la famille Brunet. Rappelons ici, que, malgré son nom, la canadienne a de pures origines françaises. Elle a suivi les émigrants qui partirent de Normandie et de Bretagne pour l’Amérique du Nord, à la fin du XVIIe siècle. Sa sœur, ou sa cousine, a perduré pendant quelques siècles en Bretagne de façon tout à fait méconnue et cryptique : il s’agit de la population appelée « brune de Guingamp » qui a disparu au début du XXe siècle. D’ailleurs cette canadienne devrait s’appeler chez nous « brune de Guingamp » ; cela serait plus juste. La valorisation est faite par l’intermédiaire de fromage et de viande de veau.

Vache Canadienne (Emeraude, c'est son nom).

Vache Canadienne (Emeraude, c'est son nom).

Vache Froment du Léon : une beurrière méconnue mais de très haut de gamme.

Vache Froment du Léon : une beurrière méconnue mais de très haut de gamme.

Pour en savoir plus sur la ferme de Kérourin : ici (Kérourin 56160 Ploërdut).
Karine Guérin est présidente de l’Association de Sauvegarde et de Promotion de la Chèvre des Fossés. En 2014, cette association a reçu le 2ème prix agro-biodiversité de la Fondation du Patrimoine.

Karine Guérin (à gauche), lors de la remise du prix.

Karine Guérin (à gauche), lors de la remise du prix.

Des bretonnes pie-noir avec des cloches !

Plus au nord, au cœur des Monts d’Arrée finistériens, se loge la ferme du Kleuz de Gabriel et Véronique Le Hir. On est ici à Plounéour-Menez et le couple possède un petit troupeau de bretonnes pie-noir. Bien cachées dans un pré en pente, on les entend avant de les voir. Gabriel a en effet muni quelques-unes d’entre elles de cloches rapportées des Alpes ou d’Auvergne. C’est étonnant de voir ainsi des « BPN » avec des cloches, mais, en même temps que l’herbage pentu sur lequel elles se trouvent, le bruit des sonnailles donne à l’ensemble des airs de montagne. Après tout, ne sommes-nous pas dans les Monts d’Arrée ?

Deux superbes Bretonnes pie-noir.Deux superbes Bretonnes pie-noir.

Deux superbes Bretonnes pie-noir.

Gabriel s’occupe du troupeau constitué de vaches laitières mais aussi de velles pour la reproduction et de veaux ainsi que quelques bœufs pour la viande (la viande de bretonne pie-noir est succulente).

Boeuf pie-noir d'environ 2 ans.

Boeuf pie-noir d'environ 2 ans.

Véronique, elle, s’attache à la confection des fromages frais ou affinés et notamment une fameuse tomme. Ces fromages ont tellement de succès qu’à la fin de l’été, ils ferment boutique, faute de pouvoir fournir assez de produits !

Source : Télégramme de Brest

Source : Télégramme de Brest

A les écouter, autour d’une tarte à la rhubarbe et du cidre local, on sent toute la passion qui anime l’ensemble de la famille, à faire vivre cette race de vache hautement emblématique de l’agriculture bretonne. Trois chiffres la résument : il y avait 1,4 million de têtes en 1860 en France (c’était la race la plus commune), et… 435 vaches en 1985. Aujourd’hui on est proche des 1 500 femelles. C’est dire si la race revient de loin.

La salle d'affinage.

La salle d'affinage.

Vivre autrement à la ferme : c’est possible

Pour en savoir plus sur la ferme de Kleuz : Gabriel et Véronique Le Hir, Le Kleuz, 29410 Plounéour-Menez. 02 98 78 00 25.

Retrouvez-les en vidéo ici :

Et ici :

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article