Le cheval Konik polski : une race rare et atypique

Publié le par lesbiodiversitaires

A la lecture du blog, un camarade naturaliste nous interpelle sur la question du « tarpan ». Que pensons-nous de l’apparition de ce petit cheval dans les Réserves naturelles ? Réponse.
 
D’abord, le terme « tarpan » est un peu gênant, le dernier représentant de cette espèce (ou sous-espèce selon les classifications), étant mort en 1887 au zoo de Munich.
Mieux vaut donc appeler la race par son véritable nom : Konik polski.
 
konik - Elise Rousseau
 
Ce qu’on appelle « tarpan », ce sont en fait une sélection de Koniks parmi les plus primitifs de la race. Une sorte de reconstitution, qui a commencé en 1923 en Pologne. Une autre reconstitution du tarpan a eu lieu en Allemagne avec le cheval de Liebenthaler (croisements de Fjords, Koniks, Przewalski…).
Même s’il est proche, physiquement et génétiquement, du tarpan, le Konik n’en est pas un. Il reste un animal absolument domestique, familier avec l’homme. Ce qui n’était pas le cas de ses ancêtres sauvages.
 
Konik - Mondragon - Georges Olioso
  Konik en liberté, réserve de Mondragon (Vaucluse).
Photo : Georges Olioso
 
Un cheval hors du commun
Les Koniks polskis sont de magnifiques petits chevaux, même s’ils ne correspondent pas aux modes équestres. Et c’est une chance de pouvoir en observer désormais en France.
Les Koniks possèdent en effet (comme le Sorraïa au Portugal, comme certains Highlands, comme les Fjords, les Dülmens...) des caractères primitifs : robe gris-souris, bande cruciale (comme certains ânes), légères zébrures aux pattes… Ses oreilles sont ourlées de noir, et ses yeux comme délicatement maquillés au khôl. Son museau est sombre, mais le contour des naseaux, qui est clair, se dessine nettement.
 
Tarpan konik polski
  Jeune Konik mâle de quatre ans (provenance : Réserve naturelle de Chérine, Indre).
 
On croirait la têtkonik polski éthologiee de ce cheval, toute en nuances et en touches de couleur précises, peinte par un artiste. Ses jambes sont sombres, les crins de sa crinière et de sa queue sont noirs méchés de blanc. Ses formes sont très rondes, avec une croupe bien rebondie et une encolure puissante, tenue assez haute, ce qui lui donne une certaine prestance et le grandit. Les sabots, sains et solides, n’ont pas besoin d’être ferrés. C’est un très joli cheval, comme on les aime, un vrai cheval capable de se débrouiller seul dans la nature, ultra-résistant, intelligent, équilibré, pas un de ces grands « greniers à foin ». Mais un cheval qui ne correspond guère aux goûts et critères de la majorité des cavaliers !
Au garrot, les Koniks font en moyenne 1,35 m et pèsent 400 kg. Ils ne sont donc pas très grands, mais solides, porteurs, ils peuvent aisément être montés par des adultes : ce sont de bons chevaux familiaux. Un Konik sera parfait en randonnée, TREC ou attelage, et se pliera à de nombreuses disciplines à un niveau amateur. C’est aussi un cheval à la longévité élevée.
Aujourd’hui la race, qui reste confidentielle, est estimée à plus de 2 000 individus dans le monde.
 
Les Koniks dans les Réserves
De même que les vaches Highlands, les Koniks polskis sont désormais prisés dans les réserves naturelles (où ils entretiennent les pâtures) pour leur look sauvage, primitif, et leur gentillesse qui les rend facile à manipuler.
Pourtant, le Konik n’est qu’une race domestique de chevaux menacée parmi les autres. En aucun cas une espèce sauvage, même si son aspect pourrait presque le faire croire. Si le but était d’introduire des chevaux sauvages, c’est du cheval de Przewalski qu’il faudrait mettre dans les réserves. Car le Przewalski est le dernier des chevaux vraiment sauvages, n’ayant jamais été domestiqué et modifié par l’homme.
Quel est donc le but d’introduire du Konik ? Est-ce un but de sauvegarde de la biodiversité domestique ? Si oui, on se confronte à un paradoxe. Car c’est d’abord à la Pologne (et elle le fait), de sauvegarder cette race, qui appartient à son patrimoine, tout comme il est de la responsabilité de la France de sauvegarder les chevaux d’Auvergne, de Camargue, de Castillon ou le Poney landais…
C’est à chaque région de sauver ses races patrimoniales, car si elles ne le font pas, qui le fera ?
Si, dans les réserves françaises, l’on voulait réellement être dans une logique de sauvegarde de la biodiversité domestique locale, c’est plutôt du Camargue ou du Poney landais originel qu’il faudrait faire pâturer dans les marais.
 
Jeune Konik Réserve Chérine - Tony Williams
Poulain Konik de deux ans, Réserve naturelle de Chérine.
Photo : Tony Williams
 
Le Konik a un look primitif, mais le Poney landais, très méconnu, est, lui aussi, adapté de longue date aux zones marécageuses, et pourrait pâturer dans de nombreuses réserves. Car son type originel est aujourd’hui bien plus en danger que ne l’est le Konik polski.
Pour ce dernier, la race restant à petits effectifs, les réserves constituent des réservoirs génétiques précieux pour la sauvegarde, à long terme, de ses caractéristiques si particulières. 
Cependant, nous pensons que si les réserves choisissent le Konik, c’est aussi pour des raisons d’image. Un Konik ça fait sauvage, ça donne du cachet à une réserve (tout comme le bétail Highland, d’ailleurs). En introduisant une race restée proche de ce que pouvait être le tarpan, on crée l'illusion d'une nature sauvage, telle qu’elle pouvait être autrefois, quand les véritables tarpans paissaient encore dans les plaines d’Europe. Physiquement, le Konik porte moins que les autres chevaux la trace des sélections humaines.
 
A titre personnel, on adore voir des Koniks. Il est bien plus intelligent de mettre cette race sur les terrains difficiles de certaines réserves que des Haflingers maigrichons, comme on le voit à la réserve des dunes fossiles de Ghyvelde, Nord, alors que la race, d’origine autrichienne et de création récente (1874), est populaire chez les cavaliers, se porte extrêmement bien et n’apporte aucun intérêt de conservation à la réserve. De même, les Highlands du Platier d’Oye, Pas-de-Calais, sont très sympas, mais cette race de chevaux d’origine écossaise ne se porte pas si mal que cela (même si elle reste bien moins commune que le Haflinger). Là encore, mieux vaudrait laisser pâturer des Koniks, des Camargues ou des Landais… Axées qu’elles sont sur la préservation de la nature sauvage, les réserves oublient parfois que le domestique est lui aussi en danger.
 
 
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Les Koniks de la Réserve de Chérine
Notre amitié pour le Konik fait que nous donnons régulièrement un petit coup de main bénévole à la Réserve de Chérine, dans l’Indre, pour vendre ses jolis poulains Koniks quand ils arrivent à l’âge de quitter le troupeau. Une des raisons pour lesquelles les gestionnaires de la Réserve de Chérine ont choisi cette race, c’est qu’ils trouvent que les Koniks sont des chevaux doux et particulièrement faciles à manipuler, même pour des personnes qui ne sont pas des experts de ces animaux. Pour la gestion de leur réserve, cette gentillesse de la race leur simplifie la vie. Et c’est vrai que le Konik est sûrement l’une des races les plus sympathiques qui soient ! La preuve est ce Konik de 4 ans, nommé « Tarpan » en référence à ses origines, et adopté il y a deux ans par Julie, une cavalière naturaliste et passionnée d’éthologie. En quittant son troupeau, c’était un jeune cheval sauvage qui arrivait dans la vie de Julie. Il connaissait à peine l’homme et il a fallu complètement l’apprivoiser. L’équitation dite éthologique et la méthode de La Cense lui ont été d’une grande aide. Elle a tissé ainsi un lien profond avec ce jeune sauvageon. Puis elle l’a débourré en douceur, toujours avec cette méthode. Aujourd’hui, Tarpan est un charmant cheval, très posé, généreux et affectueux, et s’il n’était le dominant de son troupeau, maîtrisant tous les codes de la vie en liberté, on ne soupçonnerait pas chez lui ce passé libre et loin des hommes.
 
Tarpan et Julie Tarpan et Julie reculer
Pour un cavalier motivé et patient, adopter un jeune Konik sauvage est une formidable aventure équestre.
 Ici, Julie et Tarpan, 4 ans, né dans le troupeau de la Réserve de Chérine (Indre).
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 
Pour en savoir plus sur le Konik
Association ARTHEN (Association pour le retour du tarpan et des grands herbivores dans les espaces naturels) - Burgerbivore - Projet Tarpan
Maison des sociétés, Rue Colbert
01500 Ambérieu en Bugey
bugerbivore(at)voila.fr
L'association diffuse un bulletin d'information très intéressant, L'Echo des Tarpans.
 
Rendez-vous également sur le site de l'Association française du Konik polski.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
J'ai eu la chance de voir ce joli petit cheval récemment aux abords de l'étang de Lachaussée (55) classé réserve naturelle. J'ignorais qu'il était apparenté au Tarpan. Merci pour toutes ces présisions
Répondre
A
j'ai moi même un konik polski de 6 ans et c'est une race formidable avec pleins de choses et d'aventure a découvrir mais attention ils ont aussi leur petits caractères
L
C'est une race très sympathique en effet. Merci à vous.
P
Bonjour.<br /> Voilà un article très intéressant. Merci de MEUH faire découvrir ce cheval. Je partage votre point de vue. Il y a dans l'exagone des races à sauvegarder vers lesquelles devraient se tourner les<br /> amoureux de la biodiversité... de toute la biodiversité.<br /> AmicaleMEUH
Répondre